Ian Edwards, PDG de SNC-Lavalin, souhaite démontrer que l’expertise technologique que son groupe a développée dans le secteur des infrastructures peut permettre aux différents ordres de gouvernements au Canada de miser pleinement sur les grands chantiers qui doivent prendre forme au cours des prochains mois. La livraison d’infrastructures modernes et durables ne doit pas, selon lui, rester une belle promesse, mais bien devenir un véritable moteur économique.

La Banque de l’infrastructure du Canada (BIC) a annoncé la semaine dernière qu’elle était prête à injecter rapidement 10 milliards dans le financement de différents projets dans les secteurs des énergies propres, de l’internet à haute vitesse, de l’efficacité énergétique et de l’agriculture.

Le gouvernement fédéral veut faire de la BIC un de ses principaux outils pour orchestrer son plan de relance économique post-pandémie, a affirmé le premier ministre Trudeau.

Parallèlement à cette annonce, on sait aussi que plusieurs projets d’infrastructures au Québec pourraient débuter rapidement puisqu’ils sont en attente d’une décision finale, que ce soit le tramway pour la ville de Québec, le prolongement du Réseau express métropolitain ou celui de la ligne bleue du métro de Montréal.

Le PDG de SNC-Lavalin m’explique qu’il attend avec impatience que des feux verts soient donnés pour le lancement de ces travaux parce qu’il dit craindre que la volonté réelle d’entreprendre ces chantiers ne s’estompe dès que les premiers signes d’une reprise économique se seront manifestés.

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SNC-Lavalin souhaite mettre à profit son expertise dans le secteur des infrastructures afin de permettre aux différents ordres de gouvernement au Canada de miser pleinement sur les grands chantiers qui doivent prendre forme au cours des prochains mois.

« On l’a vu lors de la crise financière de 2008. Tous les gouvernements affirmaient qu’ils allaient réaliser des travaux de modernisation de leurs infrastructures pour relancer l’économie, mais peu de projets ont vraiment été lancés », rappelle Ian Edwards en entrevue.

Il ne faudrait pas que cela se reproduise. On voit qu’il y a, en cette période difficile de COVID-19, une volonté réelle d’aller de l’avant. On peut faire ces travaux, on peut les faire rapidement, on peut les faire mieux et de façon plus durable.

Ian Edwards, PDG de SNC-Lavalin

On le sait, dans la foulée des scandales qui ont entaché sa réputation, le groupe SNC-Lavalin a opéré un repositionnement qui l’a amené à délaisser les activités de construction, où il perdait de l’argent, pour se concentrer dans les services professionnels d’ingénierie pour le marché des infrastructures et de l’énergie nucléaire.

« On a développé une expertise dans le design numérique, on a des technologies qui nous permettent de modéliser les projets que l’on conçoit et de les opérer de façon efficace dans le temps », souligne le PDG de SNC.

Des partenariats actifs

Tant au fédéral qu’à Québec, les autorités gouvernementales souhaitent donc lancer des projets structurants d’infrastructures qui sont nécessaires et qui permettront d’assurer l’activité du secteur de la construction et d’animer en partie la relance économique.

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Ian Edwards, PDG de SNC-Lavalin

Oui, la construction semble bien aller, malgré la COVID-19. Mais ce que l’on voit comme activité, ce sont des projets qui ont été lancés il y a un an ou deux et qui vont bientôt arriver à terme. Là, ça prend de nouveaux projets qu’il faut lancer rapidement.

Ian Edwards

Le PDG de SNC-Lavalin partage les vues du premier ministre François Legault qui souhaitait réduire avec son projet de loi 61 sur la relance économique les nombreux facteurs irritants qui retardent le départ des mises en chantier.

SNC-Lavalin a développé un concept en vue d’accélérer la première pelletée de terre d’un projet d’infrastructures grâce notamment à la modélisation numérique.

« Avec les partenariats public-privé, il faut arriver avec une vision claire du projet final. Le design numérique nous permet de visualiser un projet et de le perfectionner jusqu’à ce qu’il devienne opérationnel.

« La pandémie nous a démontré combien la technologie était devenue utile dans nos vies. On doit faire la même chose avec nos projets d’infrastructures, en utilisant notamment davantage la fabrication en usines de nombreuses composantes d’un ouvrage, que ce soit une route, un pont ou un hôpital. Nos conditions météo l’exigent. On l’a fait avec succès avec le pont Samuel-De Champlain », souligne le PDG.

SNC-Lavalin mise sur les projets d’infrastructures dans ses trois principaux marchés, soit le Canada et le Royaume-Uni, qui comptent chacun pour 30 % de ses revenus, et les États-Unis, qui représentent 20 % de son chiffre d’affaires.

Un an après sa nomination comme PDG de SNC-Lavalin, Ian Edwards juge que le passé trouble de l’entreprise montréalaise est maintenant derrière elle et que le groupe peut se consacrer pleinement à réaliser sa destinée. L’entreprise, qui comptait 20 000 employés au Canada en 2012, affiche aujourd’hui des effectifs de quelque 8000 personnes au pays.

« On a perdu au cours des dernières années beaucoup de monde à Montréal. Mais l’érosion est terminée. Là, on travaille pour redonner à nos employés la fierté de travailler pour une grande entreprise mondiale d’ingénierie. »