(Washington) L’économie américaine a continué de tourner au ralenti en août, victime notamment de l’incapacité des démocrates et des républicains à se mettre d’accord sur un plan de soutien qui dynamiserait l’activité et l’emploi dans le pays.

La première économie du monde continue certes de se relever des abysses dans lesquels elle avait plongé au printemps à cause de la pandémie de COVID-19. Mais les indicateurs sont plutôt au vert pâle à l’approche de l’automne.

Ainsi, dans la région de Philadelphie, l’activité manufacturière poursuit sa croissance en septembre, pour le quatrième mois d’affilée, a annoncé jeudi l’antenne locale de la Banque centrale américaine (Fed).

Mais l’expansion est moins forte que celle enregistrée en août, qui était elle-même moins soutenue que le mois précédent.

De son côté, le florissant secteur immobilier, qui bénéficie des taux d’intérêt très bas, a été à la peine en août et les constructions de logements neufs ont reculé, pour la première fois depuis le mois de mai.

Cette baisse « inattendue » est à mettre au compte d’évènements climatiques exceptionnels : l’ouragan Laura et la tempête tropicale Marco, qui ont touché le sud des États-Unis, relève Ian Shepherdson, chef économiste chez Pantheon Macroeconomics, dans une note.

Mais ce n’est pas une bonne nouvelle alors que l’immobilier est l’un des rares secteurs à avoir retrouvé les niveaux d’avant crise et fait même mieux que l’an passé.

Après avoir plongé à des niveaux jamais vus en mars et avril pendant le « grand confinement », la première économie du monde avait fortement rebondi dès le mois de mai.  

Mais cette reprise en fanfare, notamment soutenue par un plan d’aide gouvernemental massif (près de 3000 milliards de dollars) n’a pas duré.

Plus de 12 millions d’Américains perçoivent toujours les allocations chômage. Et ils sont, au total, plus de 29 millions à recevoir une aide face à la perte de revenus, tous programmes d’aide confondus.

Du 6 au 12 septembre, 860 000 personnes se sont encore inscrites au chômage, contre 893 000 la semaine précédente, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

Ce niveau demeure exceptionnellement élevé, alors que le chômage était, avant la pandémie, au plus bas depuis 50 ans.

« Le nombre d’inscriptions au chômage depuis que le Covid a frappé est maintenant de 61,3 millions, ce qui suggère que des millions de personnes ont été licenciées plusieurs fois », a calculé Ian Shepherdson.

Plus d’argent sur la table

Le chômage devrait pourtant reculer un peu plus rapidement que ce qui avait été initialement prévu, selon la Banque centrale américaine, qui estime toutefois qu’il reste « un long chemin » avant de retrouver le plein emploi, a dit son président Jerome Powell, mercredi lors de la dernière réunion monétaire avant l’élection présidentielle.

L’institution a fait de cet objectif sa priorité, pour relancer durablement la machine économique et réduire les inégalités, très fortes dans le pays et exacerbées par la crise.

Et pour permettre aux Américains de pouvoir payer leurs factures et retourner dans les magasins et restaurants, et in fine que les entreprises aient besoin de réembaucher face à une demande accrue, les yeux sont désormais tournés vers la Maison-Blanche et le Congrès.

« Près de 11 millions de personnes sont toujours sans emploi à cause de la pandémie et une bonne partie de ces gens travaillaient dans des secteurs qui sont à la peine. Ces personnes ont besoin d’un soutien supplémentaire », a plaidé Jerome Powell.

Un nouveau plan d’aides du gouvernement, notamment à destination des ménages et des entreprises, est négocié par les élus depuis un mois et demi. En vain jusqu’à présent, républicains et démocrates s’opposant sur le montant total à débloquer.

Mais le Congrès pourrait revenir à la table des négociations.

« Nous voulons un accord, et nous resterons jusqu’à ce que nous ayons un accord », a de nouveau promis jeudi la cheffe des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, lors d’une conférence de presse.

« Nous avons fait des compromis », a-t-elle souligné, or, « il y a davantage de besoins » maintenant, et « il est difficile de voir comment on pourrait diminuer (le montant de l’aide) quand vous avez des besoins encore plus importants ».

Donald Trump a, lui-même, appelé mercredi les républicains à mettre plus d’argent sur la table, afin de répondre aux demandes des démocrates, et ainsi pouvoir conclure un accord avant l’élection présidentielle du 3 novembre, lors de laquelle il affrontera le démocrate Joe Biden.

La Fed table désormais sur 7,6 % de chômage en 2020, tandis que lors de ses dernières prévisions publiées en juin, elle le voyait grimper à 9,3 %. Elle est aussi moins pessimiste quant à la récession de 2020, et table désormais sur un PIB en baisse de 3,7 %, au lieu de 6,5 %.