(Paris) Taxe Trump, Brexit, croissance en berne en Chine : les viticulteurs français se réunissent à partir de lundi au Paris-Vinexpo, plus grand salon professionnel du vin en France, dans l’espoir de nouer des contacts avec des importateurs pour relancer les exportations.

« Nous avons déjà au moins 15 rendez-vous fixés », se félicite Gilles Fèvre, producteur de chablis, prestigieux vin blanc à la réputation internationale. Le vigneron exporte déjà 85 % de ses bouteilles mais « nous ne devons pas nous endormir sur nos lauriers », souligne-t-il.

Les Français boivent de moins en moins de vin

Tandis que les Français boivent de moins en moins de vin, les exportations sont menacées sur trois des premiers marchés : la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni.  

Aux États-Unis, les exportations de vin français se sont effondrées de 44 % en novembre, par rapport à octobre, durement frappées par les taxes de 25 % imposées par l’administration Trump.

PHOTO NICHOLAS KAMM, AFP

Les exportations de vins français vers les États-Unis sont durement affectées par la taxe de 25 % imposée par l'administration du président Donald Trump.

« Tout le monde fait des concessions pour tenter de compenser la surtaxe douanière. Producteurs, négociants et importateurs diminuent leurs marges respectives pour que le consommateur américain final ne subisse pas une hausse supérieure à 5 % », explique M. Fèvre.

Sur le marché britannique et le marché chinois, l’ambiance n’est pas beaucoup plus joyeuse.  

Les Chinois ne noient pas les mauvaises nouvelles économiques

La Chine se maintient au troisième rang des pays importateurs de vins français AOP (appellation d’origine protégée), malgré un recul de 2 % sur la période août-novembre par rapport à la même période de l’année précédente.  

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Une importatrice de vin devant une photo murale d'un vignoble français lors de l'exposition Vinexpo, qui s'était déplacée à Hong Kong en mai 2018.

Selon l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), le ralentissement de la croissance économique en Chine pèse sur la consommation de vins dans ce pays, ainsi que la concurrence de plus en plus vive des vins chiliens en vrac, exemptés de droits de douane.  

Quant à la crise sanitaire provoquée par le nouveau coronavirus, personne n’a encore fait d’estimation sur son impact sur la consommation de vin.

Les Anglais ont stocké avant le Brexit

Le Brexit, lui, a curieusement eu un effet positif. Pour l’instant. La longueur des négociations sur le départ du Royaume-Uni a en effet permis aux négociants d’anticiper en augmentant leurs stocks : les exportations ont augmenté de 6 % en volume et 11 % en valeur sur la période août-novembre.

Face aux aléas, le salon présentera un front commun : pour la première fois, il réunira en un même lieu toutes les inter-professions viticoles françaises, après la fusion début janvier des deux grands organisateurs de salons viticoles en France, Comexposium et Vinexpo.

Les meilleurs clients étrangers des vins français en volume sont l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni, pour un chiffre total à l’export des vins et spiritueux qui s’élevait à 12,2 milliards d’euros en 2018 (14,1 millions d’hectolitres).