(Edmonton) Le ministre des Finances de l’Alberta, Travis Toews, espère pouvoir se mettre à pied d’œuvre en 2021 pour rétablir une économie en perte de vitesse.

La priorité du gouvernement provincial sera de poursuivre la campagne de vaccination afin de placer la COVID-19 dans le rétroviseur.

Une question se pose : ayant accumulé un déficit de 21 milliards, ne pouvant encore vraiment compter sur un secteur pétrolier toujours en perdition, d’où va venir l’argent ?

« On ne peut pas effacer d’un coup un déficit de 21 milliards, convient Travis Toews. On doit relancer l’économie. Et cette reprise sera notre grande priorité lorsque nous commencerons à surmonter la pandémie. »

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Le ministre des Finances de l’Alberta, Travis Toews

L’objectif du gouvernement est de commencer à sortir du trou financier dès février à l’occasion de la présentation du prochain budget.

En novembre, M. Toews a établi « des bornes budgétaires » pour y parvenir : le maintien en dessous des 30 % du ratio dette nette/PIB, la réduction des dépenses du secteur public et l’établissement d’un calendrier pour rétablir l’équilibre budgétaire.

Selon un professeur d’économie de l’Université de Calgary, Trevor Tombe, l’Alberta est placée dans une position enviable puisqu’elle peut envisager diverses options. Elle demeure la province la moins taxée au pays. Le secteur pétrolier et gazier continuera de remettre des milliards de dollars au Trésor public dans un avenir prévisible, même ces sommes seront loin d’égaler celles versées pendant le boom économique.

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« Mais même si [les revenus énergétiques] seront importants, ils ne suffiront pas. On doit donc modifier notre façon de financer les services publics », dit-il.

M. Tombe calcule que si le gouvernement veut atteindre ses objectifs, il devra trouver 7 milliards de dollars de plus par année si elle voulait effacer le déficit et commencer à rembourser une dette qui devrait maintenant atteindre 97 milliards en 2021.

La crise soulève à nouveau le spectre d’une taxe de vente.

Le gouvernement créditiste avait instauré un prélèvement de 2 % en 1936 et l’a discrètement abandonné un an plus tard. Après la Seconde Guerre mondiale, le secteur pétrolier et gazier de l’Alberta a connu un fort essor, ce qui lui a permis d’éviter l’établissement d’une telle taxe.

La taxe de vente ne peut pas être imposée sans être approuvée par référendum. M. Toews dit qu’un tel projet n’est pas dans les plans, mais il compte former un comité pour trouver des façons de trouver de nouveaux revenus en Alberta.

La cheffe de l’opposition néo-démocrate, Rachel Notley, n’a pas imposé de taxe de vente lorsqu’elle était première ministre. Elle convient avec le Parti conservateur uni qu’une telle mesure ne convient pas pour une économie fragile.

Mme Notley dit que la solution passe plutôt par une diversification accrue de l’économie et la mise à profit des atouts de l’Alberta : une main-d’œuvre jeune et instruite, un secteur technologique en plein essor et des propriétaires d’entreprises dynamiques.

Le pétrole et le gaz sont essentiels, ajoute-t-elle, mais si le gouvernement de Jason Kenney a apporté une attention exclusive, la province y perdrait.

« Si [M. Kenney] continue d’insister pour gérer à travers une lentille idéologique rétrograde d’environ 25 ans, alors nous aurons de gros problèmes. »

Les premières mesures du gouvernement conservateur, comme une réduction importante du taux d’imposition des sociétés, n’ont pas encore porté leurs fruits.

Le gouvernement compte économiser de l’argent dans les soins de santé après la fin de la pandémie, notamment en réduisant ou en sous-traitant 11 000 emplois.

« Comment dit-on ? Merci pour tout le travail acharné [pendant la pandémie], mais voici vos avis de fin d’emploi ? », dit Duane Bratt, un politologue de l’Université Mount Royal de Calgary.

D’une manière générale, ajoute-t-il, l’électorat fait plus confiance au NPD pour la gestion de la santé, mais préfère les conservateurs pour l’économie. Que feront les électeurs dans deux ans ? Renverseront-ils le gouvernement si celui-ci échoue à relancer l’économie tout en réduisant les services en santé ?

« Si seule l’économie était la question primordiale en 2019, la santé le deviendrait-t-elle en 2023 ? », s’interroge M. Bratt.