(La Havane) L’économie cubaine a chuté de 11 % en 2020, sa pire année depuis 1993, sous l’effet de la pandémie de coronavirus qui l’a privée des devises du tourisme et du renforcement de l’embargo américain, a annoncé jeudi le ministre de l’Économie.

En 2020, le Produit intérieur brut (PIB) a connu « une décroissance de 11 % », a déclaré le ministre de l’Économie Alejandro Gil face au Parlement, qui tient cette semaine sa dernière session de l’année.

Ce chiffre en fait la pire année pour Cuba depuis la chute du PIB de 14,9 % enregistrée en 1993 pendant la « Période spéciale », crise économique des années 1990 provoquée par l’effondrement de l’Union soviétique.

Le ministre a expliqué que le ralentissement a commencé dès 2019, en raison des nouvelles sanctions imposées par l’administration de Donald Trump, ce qui a fait reculer le PIB de 2,2 % cette année-là.

« Aux tensions présentes en 2019, s’est ajoutée en 2020 la situation exceptionnelle créée par la COVID-19, avec un impact direct sur l’économie, dont les effets ont pu s’apprécier dans des activités cruciales comme le tourisme, la santé publique, l’éducation et l’activité productive en général, à la fois dans le secteur public et privé », a-t-il souligné.

Il a dit tabler sur une croissance « entre 6 et 7 % » et la venue de 2,2 millions de touristes en 2021, et que l’économie locale retrouve d’ici 2022 son niveau de 2019.  

Le tourisme, moteur économique de l’île, avait déjà entamé son recul en 2019, avec une baisse de 9,3 % à 4,3 millions de visiteurs. En 2020 il a plongé : le pays n’a accueilli que 1,1 million de touristes, essentiellement les trois premiers mois de l’année, avant la fermeture des frontières fin mars.

Les chiffres du gouvernement cubain sont plus bas que les estimations de la Commission économique de l’ONU pour l’Amérique latine (CEPAL), qui calcule pour 2020 une chute du PIB de l’île de 8,5 %.

« Les grandes dépenses liées aux actions pour faire face à la pandémie […] ont été significatives et la fermeture des frontières a réduit drastiquement les revenus du tourisme », selon la Cepal, qui note que les recettes du secteur privé « ont été également très affectées ».

L’organisme est toutefois plus pessimiste que les autorités cubaines concernant 2021, n’attendant qu’une croissance de 3 %.