Les entreprises du secteur aéronautique, qui réclament à grands cris depuis des mois des mesures d’aide du gouvernement fédéral, sont pratiquement ignorées dans l’énoncé économique présenté lundi par Ottawa.

Aucune des nouvelles mesures incluses dans ce « mini-budget » du gouvernement fédéral ne cible directement l’industrie aéronautique. Or c’est justement ce que s’échine à demander cette industrie, selon les qui les mesures généralistes comme la Subvention salariale d’urgence ne suffisent pas.

« On est déçus d'une certaine façon, a admis Suzanne Benoit, la présidente-directrice générale (PDG) d'Aéro Montréal. On s'attendait à des mesures concrètes pour assurer la pérennité du secteur de la fabrication aérospatiale. »

La seule lueur d’espoir vient d’un nouveau programme, le Programme de crédit pour les secteurs durement touchés (PCSDT), dont Ottawa annonce la création « à court terme ». Les documents officiels indiquent que celui-ci cible d’abord « des secteurs comme le tourisme et l’accueil, l’hébergement, les arts et le divertissement », mais il semble que les critères, qui n’ont pas encore été déterminés, se concentreraient davantage sur la situation de l’entreprise que sur son secteur d’activités.

Ce programme permettrait aux entreprises ciblées d’obtenir « des prêts à faible taux d’intérêt allant jusqu’à 1 million de dollars assortis de périodes prolongées de remboursement pouvant atteindre 10 ans ».

« Peut-être qu'il y aura des mesures plus spécifiques dans le budget, en mars, mais pour nous c'est loin, très loin, s'inquiète Mme Benoit. Chaque jour compte. »

« Comme nos collègues d'autres industries, nous sommes déçus qu'il n'y ait pas de reconnaissance des défis particuliers auxquels notre industrie est confrontée, a pour sa part réagi l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), par écrit. Nous constatons l'appui limité aux transporteurs et l'augmentation de la subvention salariale. […] Bien que plusieurs politiciens nous aient fait savoir que des renforts venaient, nous sommes quand même déçus que ce soit si long. »

Les Manufacturiers et exportateurs du Québec ont eux aussi souligné l'importance qu'un « support financier adéquat [soit] mis en place pour soutenir le secteur de l’aérospatial qui reste l’un des piliers de l’économie canadienne ».

Aide aux aéroports

L’énoncé économique ne donne aucun indice de la taille que pourrait atteindre l’appui d’Ottawa aux lignes aériennes, avec lesquelles il a officiellement amorcé des discussions le 9 novembre dernier. Le gouvernement rappelle néanmoins son intention de lier cette aide à un remboursement des voyageurs qui ont jusqu’ici dû se contenter de crédits pour des voyages qu’ils ont été incapables d’effectuer.

Ottawa donne toutefois un coup de pouce aux grands aéroports du pays, dont Montréal-Trudeau et Mirabel, en leur permettant de reporter le paiement de leurs loyers pour 2021, soit environ 200 millions de dollars. Ils devront être remboursés à compter de 2024. Les plus petits aéroports voient quant à eux leurs loyers de 2021, dont le total prévu était d’environ 29 millions de dollars, être tout simplement annulés.

Les mesures touchant les aéroports, « dont le report du paiement du loyer, permettront d’offrir une forme de soulagement temporaire aux autorités aéroportuaires du pays », a réagi Aéroports de Montréal (ADM) dans une déclaration écrite.

« Nous saluons l’annonce de la création d’un nouveau programme pour aider les grands aéroports à faire des investissements essentiels dans leurs infrastructures. Nous attendons maintenant que le gouvernement divulgue les modalités associées à ce programme afin d’analyser dans quelle proportion celui-ci pourra s’appliquer aux projets à venir à YUL. »

Ottawa entend en effet investir 500 millions sur six ans, incluant l'année en cours, pour permettre aux aéroports d'investir dans leurs infrastructures de santé, de sécurité et de transport en commun. Le programme mentionne spécifiquement la gare du Réseau express métropolitain (REM) que doit faire construire ADM sur son site, mais aucune somme n'y est attachée.