(Montréal) La rémunération globale des salariés de l’administration québécoise présente depuis 2011 un retard grandissant par rapport à celle de l’ensemble des autres salariés du Québec. Les employés de l’administration québécoise ont un salaire moins élevé que ceux du secteur privé, mais ils sont également moins bien payés que les « autres travailleurs de secteurs publics ».

C’est ce qui ressort du rapport annuel publié par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) qui compare les salaires et la rémunération globale des employés de l’administration québécoise avec ceux des autres secteurs publics et des entreprises de 200 employés et plus au Québec.

On note une disparité importante entre le salaire des employés du gouvernement québécois et celui des employés des autres secteurs publics, qui comprennent les sociétés d’État, les institutions fédérales et les municipalités de plus de 25 000 habitants.

Les employés de l’administration québécoise gagnent un salaire annuel moyen de 51 399 $, soit 23,5 % de moins que les « autres travailleurs du secteur public ».

Cet écart entre les « deux classes » de travailleurs du secteur public était de 17,7 % en 2011. L’Institut de la statistique du Québec conclut qu’entre 2011 et 2020, la situation de l’administration québécoise sur le plan du salaire s’est affaiblie par rapport à celle de tous les secteurs.

De leur côté, les employés du secteur privé ont un salaire de 13,3 % plus élevé que ceux du gouvernement québécois, en 2020.

La rémunération globale

Lorsqu’on considère la rémunération globale, c’est-à-dire lorsqu’on inclut les salaires, les avantages sociaux et le nombre d’heures travaillées, l’écart est encore plus élevé entre les « deux classes » d’employés du secteur public.

La rémunération globale des salariés de l’administration québécoise est 28,3 % plus basse que celle des autres travailleurs du secteur public.

Cependant, la rémunération globale des salariés de l’administration québécoise est égale à celle de leurs pairs du privé.

La Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), qui estime que les négociations pour une nouvelle convention collective sont dans une impasse pour les travailleurs des secteurs de la santé et de l’éducation, « n’est pas étonnée » par le dernier rapport de l’ISQ.

« Ce phénomène n’est d’ailleurs pas nouveau, car les travailleurs et travailleuses en éducation, en santé et dans la fonction publique ont vu leur rémunération s’affaiblir depuis des années. Comment voulez-vous que l’administration publique recrute et retienne sa main-d’œuvre avec de telles conditions ? » a demandé le président de la FTQ, Daniel Boyer.

Il a également souligné que chez les ouvriers spécialisés, comme les menuisiers, les électriciens et les plombiers, l’écart de salaire est encore plus important.

« Pas étonnant qu’il soit extrêmement difficile pour les établissements de santé et d’éducation de recruter cette main-d’œuvre qualifiée, indispensable à l’entretien de nos installations », a ajouté le président de la FTQ.

La semaine de travail est plus longue dans le privé

Les salariés de l’administration québécoise travaillent en moyenne 35,8 heures par semaine, alors que les travailleurs des municipalités et du secteur universitaire travaillent en moyenne 35,3 heures.

La semaine de travail est toutefois plus longue dans le secteur privé ; 38,2 heures pour les travailleurs non syndiqués et 37 heures pour les travailleurs syndiqués.

Impact de la pandémie sur les effectifs

Au cours de la période de référence qui s’étend du 13 mars au 30 juin 2020, les employeurs de la province ont pu maintenir 85 % des salariés en emploi.

La proportion d’employés qui ont été maintenus en emploi est de 97 % dans le secteur public et de 81 % dans le secteur des entreprises privées de 200 employés et plus.

Le rapport précise que les employeurs du secteur privé « ont mis à pied temporairement, au moins quatre semaines, 18 % de leurs employés », au printemps dernier.

Au printemps 2020, la pandémie aura modifié les heures de travail de 5 % des salariés du secteur public comparativement à 23 % des employés des entreprises privées.

« Les employeurs proposaient ou imposaient plus souvent une réduction du nombre d’heures de travail », peut-on lire dans le document.

Dans la méthodologie de l’ISQ, l’administration québécoise comprend les employés de la fonction publique ainsi que ceux des réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux, mais en excluant les enseignants et les infirmières puisque le bassin de postes comparatifs n’est pas assez important en dehors du secteur public.