(Washington) L’économie américaine, « encore loin » de son niveau de janvier, a besoin d’un nouveau plan de soutien pour se remettre des ravages de la pandémie de COVID-19, a martelé mardi le secrétaire américain au Trésor, disposé à reprendre immédiatement le dialogue avec l’opposition démocrate.

La cheffe des démocrates à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a indiqué mardi soir avoir discuté par téléphone avec Steven Mnuchin, qui plus tôt dans la journée s’était engagé à reprendre contact avec elle immédiatement après son audition devant les élus.

« Malheureusement, cet appel téléphonique a clairement montré que les démocrates et la Maison-Blanche continuent d’avoir de sérieuses divergences quant à la gravité de la situation à laquelle sont confrontées les familles ouvrières américaines », a commenté Mme Pelosi dans un communiqué.

Les démocrates souhaitent faire voter un nouveau plan d’aide économique de quelque 2200 milliards de dollars, un montant jugé trop élevé par les républicains.

Mme Pelosi estime que c’est le minimum pour « sauver » les familles modestes fragilisées par la récession économique provoquée par la pandémie de COVID-19.

Plus de 41 % des emplois détruits en mars et en avril en plein cœur de la pandémie de COVID-19 ont été recréés, avait indiqué plus tôt Steven Mnuchin Mnuchin au cours de son audition.

Mais « il y a encore du travail » pour revenir au niveau d’emploi de février quand le chômage était à son plus bas niveau historique, à 3,5 %, avait-il reconnu.

Si plus de 9 millions d’emplois ont été retrouvés entre début mai et fin juin quand les mesures de confinement ont été progressivement levées, plus de 10 millions sont toujours détruits, a-t-il ajouté.

Il a relevé que les États-Unis avaient les ressources « pour une reprise économique très forte » tout en soulignant que de nombreuses petites entreprises ont disparu ou vont le faire.

« C’est pourquoi j’exhorte le Congrès, la Chambre et le Sénat à aller de l’avant » pour adopter rapidement un autre programme d’aide, avait-il lancé.

Les secteurs du voyage, du tourisme et de l’hôtellerie sont en particulier en grandes difficultés.

Les républicains veulent faire passer une nouvelle loi pour débloquer « des fonds substantiels » pour les écoles, les tests, les vaccins, les petites entreprises, les allocations chômage ou encore en faveur du service postal.  

Le président Donald Trump, quant à lui, a déclaré mardi que l’industrie aérienne aurait également besoin de plus d’aides.

Steven Mnuchin avait conduit en août les pourparlers avec Nancy Pelosi et le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer.  

Sans résultat.

Le montant des aides, pomme de discorde

Les négociations semblent plus que jamais buter sur le montant avancé par les démocrates.  

« Je ne soutiens pas ce chiffre de 2200 milliards de dollars », a redit Steven Mnuchin mardi. « Ce qui importe, c’est de savoir quelle est la répartition des transferts d’argent entre les travailleurs américains, les familles américaines, les enfants », a-t-il argué.

En mars, les deux partis étaient parvenus à voter en urgence une loi, Cares Act, pour débloquer 2200 milliards de dollars d’aides aux familles et aux entreprises les plus fragilisées par la crise sanitaire.

Il comprenait notamment la distribution de chèques aux Américains et 349 milliards pour un fonds dédié aux petites et moyennes entreprises.

Un deuxième plan d’aides de près de 500 milliards de dollars l’avait complété fin avril.

Le gouvernement avait en outre accordé des allocations de chômage de 600 dollars par semaine. Mais cette mesure a expiré le 31 juillet.

Faute de consensus, Donald Trump a signé un décret le 8 août pour octroyer 300 dollars par semaine en prestations de chômage améliorées financées par le gouvernement fédéral.  

Il a en outre appelé les États à verser 100 dollars supplémentaires par semaine. Mais fin août, de nombreuses personnes n’avaient toujours rien reçu.

Ces aides sont cruciales pour soutenir la consommation des ménages, principale moteur de la croissance américaine.

« L’année prochaine sera l’une des meilleures années que nous ayons jamais vécues », a une nouvelle fois promis l’hôte de la Maison-Blanche qui brigue un second mandat. « Et tout le monde bénéficiera d’une grosse réduction d’impôt », a-t-il ajouté.

Les responsables de la Banque centrale américaine mettent eux en avant la grande incertitude sur le rythme de la reprise en l’absence de vaccin et d’une pandémie de COVID-19 pas encore terminée.