(Toronto) Les négociations avec « les trois grands de l’auto » au Canada se sont amorcées mercredi, à Toronto, et le président national d’Unifor a prévenu d’entrée de jeu que le syndicat ne ferait aucune concession même s’il devait y avoir une deuxième vague de COVID-19.

Des dirigeants syndicaux ont rencontré les représentants canadiens de Fiat Chrysler, Ford et General Motors pour commencer à négocier les salaires et les avantages sociaux des quatre prochaines années. Unifor représente environ 20 000 travailleurs des usines d’assemblage ontariennes de Brampton, Oakville, Windsor et St. Catharines.

L’impact de la pandémie de COVID-19 sur le paysage de l’emploi est au centre des préoccupations, alors que les ventes de véhicules automobiles ont chuté ce printemps, au plus fort de la pandémie, et que les chaînes de montage se sont littéralement arrêtées.

« Je serais naïf de ne pas l’admettre, mais la situation est différente aujourd’hui de celle de 2008-2009 », a soutenu mercredi le président national d’Unifor, Jerry Dias. « La crise économique de 2008 et les faillites imminentes de General Motors et Chrysler étaient en grande partie dues à un effondrement complet du secteur bancaire, commencé avec Lehman Brothers. Lorsqu’on perd sa maison, on n’achète pas une voiture », a-t-il dit.

Or, ces jours-ci, les consommateurs ne sont pas très tentés de prendre les transports en commun ou les taxis. « Et j’espère donc que nous sortirons de cette crise beaucoup plus rapidement que quiconque ne l’avait prévu », a souhaité M. Dias. Selon lui, les constructeurs automobiles tentent d’anticiper la demande six ans à l’avance : la pandémie ne peut donc pas être utilisée comme « excuse » pour empêcher de nouveaux projets d’être implantés au Canada.

Malgré cette confiance, M. Dias est conscient que l’industrie dans son ensemble reste « en péril », citant par exemple le manque d’investissements dans les véhicules électriques. Le dirigeant syndical fait remarquer que les conventions collectives existantes, qui expirent le 21 septembre, couvrent 3600 travailleurs de moins que lors de la dernière négociation, après des réductions d’effectifs dans plusieurs usines, notamment à Oshawa.

Quant aux salaires, « nous ne sommes peut-être pas aussi bon marché que le Mexique, mais nous sommes certainement plus productifs, et nous construisons certainement des véhicules d’une qualité incroyable », a plaidé M. Dias. Il a averti que les consommateurs canadiens « puniraient » les entreprises qui ne maintiendraient pas des activités au pays.

Matt Hough, directeur général des ressources humaines et des relations de travail chez GM Canada, a déclaré que l’objectif du constructeur était de parvenir à une convention collective de quatre ans qui soit « équitable » et « flexible ».