C’est le monde à l’envers. La charge d’intérêt diminue pendant que la dette explose. C’est ce qui se produit quand le gouvernement contrôle les taux d’intérêt.

Le gouvernement va faire un déficit de 343 milliards cette année. La dette publique va exploser à 1060 milliards. Mais la charge d’intérêt sur la dette publique va diminuer de 20 % en 2020-2021 de façon tout à fait contre-intuitive.

Les frais d’intérêt passeront de 24,5 milliards, en 2019-2020, à 19,5 milliards, en 2020-2021, malgré un endettement massif équivalant à 50 % de la taille de l’économie canadienne. Cinq milliards d’économies sur la facture d’intérêt en un an, comment est-ce possible ?

La réponse réside dans la baisse des taux d’intérêt.

« Les taux du marché auxquels le gouvernement fédéral peut refinancer sa dette actuelle ou financer une nouvelle dette se trouvent à des niveaux historiquement bas (moins de 0,8 %) pour des échéances pouvant atteindre 10 ans », lit-on dans le document du ministère des Finances.

Mais pourquoi les taux d’intérêt descendent-ils au moment où les besoins en capitaux du fédéral s’amplifient ? Ça tombe trop bien pour être vrai.

Normalement, en fonction de la loi de l’offre et de la demande, quand la demande en capitaux s’accroît, le loyer de l’argent augmente. Dans un marché libre, c’est toujours le cas, à moins que l’offre en capitaux ne s’accroisse à son tour à un rythme accéléré. Mais pourquoi l’offre de capitaux s’élargirait-elle quand les taux d’intérêt proposés sont en baisse ?

Le gouvernement se prête de l’argent à lui-même

C’est le gouvernement du Canada lui-même qui finance en bonne partie l’accroissement de sa dette par l’entremise de la Banque du Canada qui achète sa dette sous forme de bons du Trésor et d’obligations gouvernementales.

« La Banque du Canada a entre autres augmenté la quantité de titres du gouvernement du Canada qu’elle achète aux adjudications des bons du Trésor et a mis en place un programme d’achat d’obligations sur le marché secondaire. […] Ces mesures ont permis au gouvernement d’emprunter à des taux d’intérêt se trouvant à des creux historiques ou à près des creux historiques », explique-t-on à la page 185 dans le chapitre sur la stratégie de gestion de la dette de 2020-2021.

Le bilan de la Banque du Canada a été multiplié par 3,8 depuis la fin de janvier 2020, passant de 118 milliards à 453 milliards en l’espace de quatre mois.