(Washington) Les États-Unis considèrent que le temps est venu de « réinitialiser » l’Organisation mondiale du Commerce dont les résolutions en matière de tarifs douaniers sont dépassées, a estimé mercredi le Représentant américain au Commerce lors d’une audition devant la Chambre des représentants.

« Je pense que l’OMC est un gâchis », a déclaré Robert Lighthizer. « Je pense que l’OMC est un échec pour l’Amérique et un échec pour le système commercial international », a-t-il ajouté, insistant sur le fait que les États-Unis « n’étaient pas traités équitablement ».

« Aujourd’hui, les résolutions sur les droits de douane qui sont en place sont dépassées et ne reflètent plus les choix des politiques des pays membres et les conditions économiques des membres », a-t-il estimé dans des remarqués écrites à destination des législateurs.  

« En conséquence, de nombreux pays dotés de grandes économies développées maintiennent des taux de droits de douane très élevés, bien supérieurs à ceux appliqués par les États-Unis », a-t-il déploré.  

L’administration Trump entend « veiller » à ce que les tarifs douaniers reflètent les réalités économiques actuelles « pour protéger » les exportateurs et les travailleurs américains.  

Le président américain Donald Trump dénonce constamment le traitement jugé « inéquitable » des États-Unis par l’institution notamment dans le règlement des conflits commerciaux.

« L’OMC a effectivement traité l’une des économies les plus libres et les plus ouvertes - avec un énorme déficit commercial - comme le plus grand abuseur commercial du monde », a estimé mercredi Robert Lighthizer, chiffres à l’appui.

« A l’heure actuelle, plus de 150 dossiers sur des différends ont été déposés contre les États-Unis à l’OMC, alors qu’aucun autre membre n’a fait face à une centaine. Pire, jusqu’à 90 % de ces différends ont abouti à un rapport constatant que les États-Unis étaient au moins partiellement en faute », a-t-il déploré.

En janvier, Donald Trump avait annoncé qu’il avait engagé des discussions pour réformer l’OMC.

De leur côté, les Européens se montrent attachés à ce cadre multilatéral.

Depuis le 11 décembre, la cour d’appel de l’organe de règlement des différends (ORD) de l’OMC n’est plus opérationnelle à cause du blocage de nominations de juges par Washington.

Mais, mi-avril, les pays de l’UE ont donné leur feu vert à la mise en place d’une Cour d’appel temporaire pour régler les litiges commerciaux, pour contourner le blocage de l’OMC par l’hôte de la Maison-Blanche.

L’OMC doit nommer un nouveau président après la démission surprise de Robert Azevedo qui prendra effet le 31 août, un an avant la fin de son mandat.

Interrogé sur le profil souhaité pour le nouveau patron, M. Lighthizer a estimé qu’il fallait « quelqu’un ayant la volonté de réformer » l’institution, répétant que des économies comme celle de la Chine ne pouvaient pas être régies par les réglementations actuelles de l’OMC.

« Je recherche donc quelqu’un qui comprenne la nature du problème des économies libres face à la Chine », a-t-il ajouté.

Les tensions avec Pékin ont été ravivées par la pandémie de COVID-19, qui a pris naissance fin 2019 en Chine avant de se propager au reste du monde.

Évoquant l’accord commercial signé en janvier avec la Chine, l’ambassadeur Lighthizer a assuré que les autorités chinoises avaient réaffirmé leur volonté de tenir leurs engagements en matière d’achats supplémentaires de produits agricoles américains.