Dans les rues commerçantes du Québec, les clients retournent dans les boutiques, tranquillement. Ils ont besoin de réconfort : « Ça fait du bien à l’âme ! » Petite tournée téléphonique en région.

« Oh ! que les jujubes sont populaires ! »

Chez Les Folies de Rachel, rue Notre-Dame, au centre-ville de Trois-Rivières, les clients sont de retour.

« Ils ont envie de se gâter, constate la copropriétaire de la boutique, Rachel Hébert. On a vendu des jujubes en grosse quantité parce qu’ils ne sont pas sortis de chez eux depuis deux ou trois mois. »

Rachel Hébert vend des bonbons, des pâtisseries maison, des confiseries. « Du bonheur, juste des bonnes choses. »

Avec sa mère, elle a fondé Les Folies de Rachel le 11 février dernier. Elle a fermé un mois plus tard, pour ne rouvrir que le 9 mai, afin de profiter de l’élan de la fête des Mères.

Elle a pris les précautions sanitaires d’usage, avec quelques adaptations locales.

Au sol, on n’a pas mis des gros stops rouges, ça ne correspondait pas à notre beau magasin rose. On a mis des arcs-en-ciel avec des nuages.

Rachel Hébert, copropriétaire de Les Folies de Rachel

Le soleil luit dans la rue Notre-Dame, en ce jeudi après-midi.

« Il fait beau, les gens reviennent en ville, on les voit. Par contre, il nous manque beaucoup de travailleurs réguliers du centre-ville, qui font du télétravail. On n’a pas ces groupes de dames qui font une marche et qui achètent des bonbons pour l’après-midi. »

Confinement de vêtements

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Manon Giroux, propriétaire de la boutique Vêtements L

Chez Vêtements L, ce sont les vêtements qui sont confinés depuis la réouverture, le 4 mai.

« On laisse les gens essayer des vêtements, par contre les vêtements sont mis en confinement pour une période d’au moins 24 heures et sont passés à la vapeur », décrit Manon Giroux, propriétaire de la boutique pour dames et de la mercerie voisine.

La rue des Forges, à Trois-Rivières, ne retentit pas de son animation habituelle, constate-t-elle. « Normalement, la rue est bondée à ce temps-ci de l’année, avec le temps qu’il fait. »

Dans la boutique pour femmes, le mois de mai s’annonce à peu près normal, mais chez les hommes, le chiffre d’affaires s’est contracté au quart.

« On a perdu nos deux meilleurs mois de l’année, mars et avril, déplore-t-elle. Quand on a fermé, nos magasins étaient pleins à craquer. Là, les gens n’ont plus de raison de s’habiller parce qu’ils ne peuvent plus manger au restaurant, aller voir des spectacles, voyager. Dans le fond, c’est plus pour se remonter le moral qu’ils viennent s’habiller », lance-t-elle en riant.

Un détour par Québec

À Québec, rue Saint-Joseph, dans le quartier Saint-Roch, la boutique de cadeaux L’Inventaire est rouverte depuis le 4 mai.

La fréquentation est moins importante qu’en temps normal, mais « les chiffres sont quand même bons, observe la commerçante. Le client qui sort veut se gâter ».

Pour respecter la distanciation bien connue, la boutique n’accepte plus de clients quand il n’y a plus de paniers à l’entrée : 12 paniers, 12 clients.

« La clientèle nous dit : “Je suis tellement content d’être venu faire un tour, ça fait du bien à l’âme !” »

Les trois copropriétaires possèdent aussi une boutique dans le quartier Petit Champlain. Celle-là souffre de la pénurie touristique. « Les clients sont zéro au rendez-vous. »

Pendant ce temps, en Abitibi…

Vendredi matin, à Rouyn-Noranda, le soleil est radieux, là aussi.

Il fait 25 degrés. Le printemps est arrivé vite !

Gabrielle-Ann Leduc, copropriétaire avec son père de la bijouterie familiale Leduc

Dans la rue Principale, la réouverture des commerces a été concertée.

« On a tous fait faire des collants identiques pour mettre sur les portes, pour que les gens soient avisés des consignes. »

Dans sa boutique, après le désormais classique cocktail de bienvenue au désinfectant, « il y a des traces de pieds qui disent merci de respecter la distance civique », décrit Mme Leduc.

En face de son commerce, les trois restaurants sont fermés. « Les stationnements sont vides, on n’est pas habitués de voir ça. »

Pourtant, la copropriétaire de la bijouterie Leduc ne constate pas de baisse marquée du chiffre d’affaires. Il faut dire que de 60 à 70 % des ventes proviennent du service de réparation tenu par son père – une forme de service essentiel.

« Les gens sont contents de parler, indique-t-elle. S’ils viennent juste pour une pile, quelquefois ça fait leur journée. Je pense entre autres aux personnes âgées… »

Partout, tous les clients viennent recharger leurs piles.