Quelques villes situées à une soixantaine de kilomètres de Montréal ont pu rouvrir leurs commerces le 4 mai dernier. La Presse s’est rendue à Saint-Hyacinthe.

« La première semaine, c’était comme Noël », lance Pascal Fréchette, propriétaire de Bijouterie Fréchette & Fils, à Saint-Hyacinthe, qui a rouvert ses portes à la date permise. « Pour l’instant, on n’a pas de baisse des ventes, poursuit-il. On est même en avance comparativement aux années antérieures. Mais qui sait ce que ce sera dans deux mois ! »

M. Fréchette souligne qu’il a un grand avantage sur les autres commerces. « L’immeuble nous appartient. Pas question de se mettre dehors tout de suite ! »

La boutique est située sur la rue des Cascades, au centre-ville, une artère commerciale très achalandée hors pandémie où les places de stationnement se font rares. Lors de notre passage, jeudi après-midi, on se garait aisément, mais il y avait des clients.

« Les gens partent de Longueuil pour venir changer la pile de leur montre ou faire souder une tige de lunettes brisée », renchérit son père, Gilles Fréchette, qui a ouvert la bijouterie en 1976.

Pour respecter les normes sanitaires, les propriétaires ont suspendu des panneaux en plexiglas au-dessus des comptoirs et mis un distributeur de gel désinfectant à l’entrée. Chaque fois qu’un bijou est essayé ou touché par un client, il est passé dans le nettoyeur à ultrasons avant d’être replacé dans le comptoir.

« Nettoyer le métal, c’est moins compliqué que les vêtements », observe M. Fréchette.

À quelques pas de la bijouterie, la boutique de vêtements pour femmes Moi Et L’Autre retire pendant 24 heures les vêtements essayés par une cliente, les nettoient à la vapeur puis les remet sur les rayons. Linda Messier, vendeuse à la boutique depuis 12 ans, calcule qu’il lui faut cinq minutes pour nettoyer la cabine et sa porte après un essayage. Une vingtaine de bouteilles d’antiseptique sont aussi disposées dans la boutique et les vendeuses sont masquées. Malgré ces mesures, elle estime que seulement 60 % de la clientèle est revenue.

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Linda Messier, vendeuse à la boutique de vêtements pour femmes Moi Et L’Autre, avec une cliente.

Je crois que nos clientes régulières, qui habitent des villes plus éloignées, n’ont pas osé sortir de leur région qui était jusqu’à tout récemment fermée.

Linda Messier, vendeuse à la boutique de vêtements pour femmes Moi Et L’Autre

Toujours sur la même rue, le propriétaire de Chaussures À vos pieds, Yvan Migner, calcule qu’il a 15 % moins d’achalandage qu’en temps normal. Après avoir travaillé masqué une journée, il a opté pour la visière qu’il trouve moins étouffante. Les premiers jours ont été épuisants, confie-t-il, car il a dû revoir complètement son service à la clientèle.

« D’habitude, on est très proche des clients, on mesure le pied, on met la chaussure, on l’enlève, explique-t-il. C’est facile d’oublier la distanciation. Mais on finit par trouver des trucs. »

De son côté, la propriétaire de la boutique de vêtements pour enfants Cousin Cousine était impatiente de revoir ses clients en personne, même si elle leur a offert un service à domicile en passant par Facebook.

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Stéphanie Blanchette, propriétaire de la boutique Cousin-Cousine, avec une cliente.

Le premier jour, Stéphanie Blanchette a tenté de les conseiller à visage découvert, mais le masque s’est imposé le jour suivant. « Quand on tend un vêtement, quand on montre des détails, c’est difficile de rester à deux mètres », constate-t-elle. Pour accommoder des clients moins à l’aise, la propriétaire a modifié ses heures d’ouverture et offre maintenant des rendez-vous privés de 9 h à 11 h.

Si ses revenus n’ont pas baissé, c’est en partie en raison de la fermeture des centres commerciaux et des commerces des villes de Belœil et de Saint-Bruno, croit la propriétaire.

« Depuis le 4 mai, on a 3-4 nouveaux clients qui viennent et qu’on n’avait jamais vus avant, raconte-t-elle. En temps normal, on a de 15 à 20 clients par jour qui entrent et achètent un morceau. Là, ils repartent avec 15. Beaucoup de parents cherchent des vêtements pour leurs enfants qui ont grandi. »

Plus loin, chez Germain Larivière, les vendeurs ne sont pas masqués, mais on donne aux clients une grande housse qu’ils placent sur les meubles qu’ils souhaitent essayer. Selon les vendeurs présents sur place, les ventes ont explosé la première semaine, puis se sont maintenant stabilisées.