« S’il n’y a pas de vacances, si tout est fermé jusqu’à la fin de l’année, on va déconstruire un pan de l’économie au complet. » Voilà le scénario décrit par l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, si jamais les règles ne sont pas assouplies et que les gens sont contraints de passer l’été à « balconville ».

C’est que la saison chaude représente près de 60 % des revenus générés par l’industrie touristique d’ici. Au total, celle-ci enregistre des recettes de 16 milliards de dollars et crée 400 000 emplois.

Après le 4 mai, date jusqu’à laquelle on prévoit de maintenir la fermeture des services jugés non essentiels, y aura-t-il une lueur d’espoir pour les hôteliers, les propriétaires de terrains de camping et autres pourvoiries ? Permettra-t-on aux Québécois de prendre la route de la Gaspésie ? Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance, a bien du mal à prédire de quoi sera fait l’été des vacanciers. « On est dans un brouillard épais. » Sa seule certitude : « La saison touristique ne sera pas comme les autres. »

« La reprise [économique] va être plus longue », soutient-il. Et elle va dépendre, selon lui, du type de déplacement autorisé, du volume de clients et de la quantité d’entreprises en mesure de répondre à la demande touristique.

La « séquence de déconfinement » pourrait faire en sorte que les pourvoiries, les campings et les réserves fauniques puissent recevoir des vacanciers, puisque ces endroits impliquent des activités en plein air où il est plus facile de garder ses distances.

Reste maintenant à voir si les Québécois seront au rendez-vous. Au début mars, alors que le gouvernement n’avait pas encore imposé ses règles de confinement, l’Alliance avait déjà annoncé son intention d’inciter les gens d’ici à visiter la province.

Les Québécois dépensent 8 milliards de dollars à l’étranger. Les touristes internationaux qui viennent ici sortent 3 milliards de leurs poches. Or, les frontières du pays sont présentement fermées. 

La récupération [de ces recettes-là] va dépendre de ce qu’on sera capable d’opérer. Les 8 milliards que les Québécois dépensent à l’extérieur, il faudrait en récupérer 45 %.

Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance

Rappelons toutefois qu’en raison de la pandémie, plusieurs évènements, comme les festivals, ont été annulés ou reportés jusqu’à la fin août. À La Ronde, on se pose des questions concernant la possibilité ou pas d’ouvrir, souligne M. Soucy. « Et il n’y aura pas de Noël du campeur cette année », ajoute-t-il en rappelant que ces évènements rassemblent généralement beaucoup de monde au même endroit.

Baisses de revenus

Du côté de la métropole, on anticipe déjà des pertes. Selon les estimations du président-directeur général de Tourisme Montréal, Yves Lalumière, l’industrie touristique montréalaise enregistrera entre 60 % et 70 % de baisses de revenus. La ville reçoit en moyenne 11 millions de visiteurs par année. Les Québécois représentent 20 % de l’ensemble des touristes.

Consciente des impacts de la pandémie sur son industrie et sur les plans de vacances de la population, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, reste prudente. « Nous sommes très conscients des effets de la présente crise sur tout le secteur touristique, partout au Québec, assure sa porte-parole Sandra O’Connor. Toutefois, la ministre travaille sans relâche avec tous les partenaires de l’industrie afin d’amoindrir les effets économiques de la crise. Rappelons que pour le moment, la fermeture des commerces et des services jugés non prioritaires se poursuit jusqu’au 4 mai 2020. Une éventuelle reprise des activités touristiques devra se faire de façon prudente, organisée et structurée, en suivant les recommandations de la Santé publique, pour la santé et la sécurité de tous les Québécois. »

L’industrie touristique québécoise, c'est...

PHOTO FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION DES POURVOIRIES DU QUÉBEC

La « séquence de déconfinement » pourrait faire en sorte que les pourvoiries, les campings et les réserves fauniques puissent recevoir des vacanciers, puisque ces endroits impliquent des activités en plein air où il est plus facile de garder ses distances.

2,5 % du PIB du Québec qui se ventile ainsi :
• Les touristes du Québec : 0,8 %
• Les touristes du « ROC* » : 0,2 %
• Les touristes d’autres pays : 0,6 %
• Les excursionnistes (personnes qui font un voyage aller-retour d’au moins 40 km dans la même journée) tous marchés confondus et autres dépenses : 0,8 %
* « rest of Canada »
** Notez qu’il manque un dixième de pourcentage dans la ventilation à cause des arrondissements.
Source : Ministère du Tourisme du Québec