(Ottawa) Le marché du travail canadien a rebondi en décembre pour afficher un gain net de 35 200 emplois et contrebalancer une partie des pertes de novembre, qui avaient été les plus fortes en un seul mois depuis la crise financière.

Le taux de chômage a pour sa part reculé à 5,6 %, contre 5,9 % en novembre, lorsque le pays avait perdu 71 200 emplois.

Le nombre d’employés du secteur privé a augmenté de 56 900 en décembre, un gain atténué par la disparition de 21 500 emplois dans le secteur public, a précisé vendredi Statistique Canada. Le nombre de travailleurs indépendants a reculé de 200.

Le nombre d’emplois à temps plein a augmenté de 38 400, tandis que le nombre d’emplois à temps partiel a diminué de 3200.

Robert Kavcic, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux, a estimé que le rapport sur les emplois permettrait à la Banque du Canada de mieux respirer, car le marché du travail a terminé 2019 sur une solide note après avoir enregistré une certaine faiblesse en octobre et novembre.

« Cela devrait aider à atténuer au moins la préoccupation de la Banque du Canada, en établissant que le marché du travail ne s’effondrait pas vraiment à la fin de 2019 », a-t-il affirmé.

M. Kavcic a noté que le nombre de pertes d’emplois en novembre était « semblable à ceux d’une récession », mais que d’autres données économiques n’allaient pas dans le même sens.

Le rapport sur le marché du travail est notoirement volatil, mais la tendance au second semestre de l’année dernière a été plus faible qu’au début de l’année.

Après la faiblesse du quatrième trimestre de 2019, M. Kavcic ne s’attend pas à un retour aux gains d’emplois observés au premier semestre de l’année dernière.

« Nous n’obtiendrons pas 30 000 ou 40 000 emplois par mois comme nous l’avons vu au cours du premier semestre de 2019, nous allons plus probablement en avoir quelque chose comme 15 000 » ou peut-être près de 20 000 pour ce qui est de la croissance mensuelle, a-t-il précisé.

L’économie canadienne a créé 320 300 emplois pour toute l’année 2019, dont 282 800 postes à temps plein et 37 500 emplois à temps partiel.

Conforme aux commentaires de M. Poloz

L’économiste en chef des Centres hypothécaires Dominion, Sherry Cooper, a souligné que le rapport sur l’emploi de décembre donnait raison à la politique actuelle de la Banque du Canada, qui veut que malgré les vents contraires, l’économie reste relativement résistante et que de nouvelles baisses de taux d’intérêt ne soient pas nécessaires.

« Cette évaluation peut changer en un rien de temps dans le monde incertain d’aujourd’hui, mais pour l’instant, la banque centrale devrait rester en attente », a-t-elle fait valoir.

La Banque du Canada devrait prendre sa prochaine décision sur les taux d’intérêt et publier la mise à jour de son rapport sur la politique monétaire le 22 janvier.

La banque centrale maintient son taux directeur à 1,75 % depuis plus d’un an, alors que nombre de ses homologues internationaux, y compris la Réserve fédérale américaine, ont choisi de baisser leurs taux et d’assouplir leur politique monétaire en réponse à la faiblesse de la conjoncture économique mondiale.

L’économiste principal de la Banque TD, Brian DePratto, a noté que le rapport sur l’emploi de vendredi était conforme aux récents commentaires du gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz

« Certains aspects des données sur les emplois, tels que les salaires, ont offert une bonne performance, tandis que d’autres, comme le nombre d’heures travaillées, ne l’ont pas fait. »

« Il semble que nous devrons attendre le rapport sur la politique monétaire de ce mois pour voir où le gouverneur et son équipe atterriront dans l’interprétation de ces tendances. »

La hausse globale de l’emploi en décembre est survenue alors que le secteur de la production de biens a ajouté 15 700 emplois, aidé par une augmentation de 17 000 emplois dans l’industrie de la construction. Parallèlement, le secteur des services a créé 19 400 emplois, tandis que l’industrie de l’hébergement et des services de restauration a gagné 24 900 emplois.

À l’échelle régionale, l’Ontario et le Québec ont enregistré les meilleurs gains.

L’Ontario a créé 25 100 emplois en décembre, dopé par des gains dans la construction et l’administration publique.

Le Québec a ajouté 21 100 emplois au cours du mois, grâce à des gains dans le secteur de l’hébergement et des services de restauration, ainsi que dans le secteur manufacturier. Son taux de chômage a retraité de 0,3 point de pourcentage, à 5,3 %.

La Colombie-Britannique a affiché la plus forte baisse, avec la disparition de 7700 emplois, tandis que Terre-Neuve-et-Labrador a perdu 5000 emplois en décembre.