(Montréal) Alors que des opposants tentent de forcer la tenue d’un référendum au Maine dans l’espoir de court-circuiter la ligne de transport d’hydroélectricité proposée par Hydro-Québec et son partenaire américain, le projet devrait franchir une autre étape cette semaine.

Un rapport de 41 pages rédigé par des responsables de la commission de l’aménagement du territoire du Maine et récemment rendu public se veut favorable au New England Clean Energy Connect (NECEC).

Les commissaires de cet organisme de réglementation devraient tenir compte des conclusions du document au moment de décider s’ils donnent ou non leur feu vert. Cette décision pourrait être rendue dès mercredi, dans le cadre d’une réunion.

Hydro-Québec mise sur le NECEC, dont la mise en service est prévue en 2022, pour acheminer 9,45 térawattheures d’hydroélectricité par année pendant 20 ans au Massachusetts dans le cadre d’un contrat dont les revenus sont estimés à environ 10 milliards US.

Le rapport de la commission estime que dans l’ensemble, le projet de la société d’État et de Central Maine Power est conforme aux normes du régulateur. On demande toutefois aux promoteurs d’apporter quelques modifications, notamment en ce qui a trait à de la végétation.

« Le rapport […] est encourageant, mais par respect pour le processus réglementaire, nous préférons attendre la décision de la commission avant de commenter », a souligné lundi une porte-parole d’Hydro-Québec, Lynn St-Laurent, par courriel.

En avril, la commission des services aux collectivités du Maine avait octroyé un certificat d’autorisation au NECEC, dont la facture est estimée à 950 millions US pour un tracé de 233 kilomètres en sol américain. Les autres approbations sont attendues au cours de la prochaine année.

Parallèlement au processus réglementaire, le dossier a pris une tournure politique puisqu’un groupe d’opposants espère récolter les quelque 63 000 signatures nécessaires d’ici le 3 février afin que le certificat de la commission des services aux collectivités du Maine fasse l’objet d’un référendum lors de la prochaine élection présidentielle américaine, en novembre.

Joint au téléphone lundi, Tom Saviello, un ex-sénateur d’État figurant parmi ceux qui ont piloté la démarche, n’a pas voulu dire si cet objectif était en voie d’être atteint.

« Jusqu’à présent, ce sont des bureaucrates qui ont donné leur approbation, a-t-il expliqué. Mais ces gens-là ne sont pas élus, ils sont nommés. Mon objectif est d’offrir aux citoyens du Maine la chance de prendre la décision. »

Une majorité de 50 % plus une voix est nécessaire pour l’emporter lors du référendum. Dans ce cas-ci, le certificat octroyé au NECEC pourrait être retiré, ce qui compliquerait grandement la tâche aux promoteurs.

Après avoir dévoilé le plan stratégique 2020-2024 de la société d’État, le 5 décembre dernier, son président-directeur général, Éric Martel, n’avait pas voulu se prononcer sur les conséquences d’un revers des promoteurs en cas de consultation.

« Nous ne sommes pas encore là, avait-il dit au cours d’une conférence de presse. (En cas de revers), qu’est-ce que l’on ferait ? Nous sommes en train de regarder cela. Nous sommes assez confiants. »

Hydro-Québec a l’intention de faire entendre sa voix dans le débat puisque la société d’État a formé, le mois dernier, le comité « Hydro-Québec Maine Partnership », dans le but de respecter le cadre réglementaire du Maine. Central Maine Power (CMP) a également lancé sa propre initiative.

À l’autre bout du spectre, Calpine et Vistra, deux compagnies texanes qui exploitent des centrales au gaz naturel dans le Maine, ont formé le groupe Mainers for Local Power afin notamment mousser les retombées économiques des deux centrales dans l’État.

Autorisations que le NECEC doit obtenir aux États-Unis :

— Commission des services aux collectivités du Maine (obtenue)

— Commission fédérale de réglementation de l’énergie (obtenue)

— Commission de l’aménagement du territoire du Maine (à venir)

— Département de la protection environnementale du Maine (à venir)

— Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis (à venir)

— Département de l’Énergie des États-Unis (à venir)