(Washington) Donald Trump a encensé mercredi le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi pour mieux critiquer Jerome Powell, le patron de la Banque centrale américaine (Fed), auquel il reproche de brider l’économie et la Bourse.

« On devrait avoir Draghi à la place de cette personne de la Fed », a lancé le président américain lors d’une interview sur Fox Business, faisant allusion à Jerome Powell, qu’il a pourtant nommé à la tête de l’institut d’émission, mais qu’il critique depuis des mois pour avoir augmenté les taux d’intérêt.

Le président américain a réaffirmé que sans les hausses de taux d’intérêt de la Fed et l’assèchement progressif du programme massif de stimulation de l’économie lancé pendant la crise financière, l’économie américaine pourrait atteindre 4 %, voire 5 % de croissance – une envolée contestée par nombre d’économistes – et des indices boursiers beaucoup plus élevés.

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Jerome Powell et Donald Trump.

M. Trump a estimé que ses demandes répétées d’une baisse des taux, malgré une économie qui a affiché encore un taux de croissance de plus de 3 % au premier trimestre et un taux de chômage de seulement 3,6 %, se justifiaient parce qu’il souhaite « rembourser la dette ».

« Je veux m’en débarrasser, je veux la rembourser », a dit le président, sans autre précision. Il a dit aussi s’inquiéter des dévaluations compétitives des partenaires commerciaux de Washington, qui rendent leurs exportations vers les États-Unis plus compétitives. Il a notamment accusé la Chine.

« Mon problème, ce sont les devises moins chères pour profiter des États-Unis et nous, on a un homme (NDLR : à la Fed) qui ne fait rien du tout pour nous », a-t-il dénoncé.

M. Trump a démenti avoir voulu ravaler M. Powell au rang de simple gouverneur de la Fed, comme les médias lui en ont prêté l’intention. L’hôte de la Maison-Blanche a cependant fait comprendre qu’il n’avait guère apprécié les déclarations de Jerome Powell la veille, quand ce dernier a réaffirmé l’indépendance de son institution.

« Le Congrès a choisi d’isoler la Fed » des pressions politiques « parce qu’il a vu les dégâts qui s’en suivent quand la politique monétaire se plie aux intérêts politiciens à court terme », a dit M. Powell mardi, lors d’une conférence à New York.

« C’est grâce à moi qu’il est là et il veut montrer qu’il est un dur. Qu’il nous montre qu’il est un dur, mais il ne fait pas un bon boulot ! », a assené le président.