Non seulement le secteur manufacturier québécois est frappé par la pénurie de main-d’œuvre, mais il peine aussi à attirer la moitié de la population. Les femmes ne représentent en effet que 26 % des effectifs dans ce secteur, une proportion qu’on souhaite faire augmenter à 35 % en cinq ans avec un plan d’action qui sera annoncé vendredi.

Quatre femmes et une campagne

La campagne « Femmes 4.0 » est le fruit de la rencontre de quatre femmes : Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec, Sylvie Pinsonnault, vice-présidente chez Investissement Québec, Anne-Marie Hubert, associée directrice pour le Québec d’EY, et Lyne Dubois, vice-présidente au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ). « On dit souvent que le leadership féminin est rassembleur, c’est sur cette base qu’on s’est parlé, qu’on a consulté des gens de terrain et d’autres organisations, explique Mme Dubois. Ce plan qu’on va annoncer vendredi est un effort collectif. »

Où sont les femmes ?

Pour résumer grossièrement : en santé, en enseignement et en administration. Selon les données les plus récentes de l’Institut de la statistique du Québec compilées par La Presse, les femmes représentaient en 2018 plus de 60 % des effectifs dans trois des dix catégories d’emploi. À l’autre bout du spectre, elles sont rares dans la catégorie Métiers, transports en machinerie, où elles forment 6,2 % de la main-d’œuvre, ainsi que dans le secteur primaire (16,9 %) et les sciences naturelles et appliquées (23,4 %).

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Nombre de Québécoises travaillant dans le secteur manufacturier en 2018, sur environ un demi-million de travailleurs. Leur part, aujourd’hui de 26 %, est en déclin constant depuis le début du XXe siècle. Elles formaient alors 40 % de la main-d’œuvre en usine.

« Une industrie en mutation »

Le travail dans le secteur manufacturier n’est plus ce qu’il était. Bien des visiteurs en usine s’étonnent de l’aspect des lieux, souvent plus proche d’un laboratoire que d’une chaîne de production classique. « Le secteur manufacturier est en profonde mutation et il a besoin d’être raconté autrement, estime Lyne Dubois. Au cours des dernières décennies, on l’a associé à des tâches répétitives, qui ne demandent pas beaucoup de réflexion, mais beaucoup d’efforts physiques. Ce n’est plus ça. »

4.0

L’essentiel du message de la campagne Femmes 4.0, c’est que le secteur manufacturier offre des emplois payants et à la fine pointe. Le 4.0 fait référence à la révolution industrielle en cours basée sur le numérique et la connectivité. « On voit les nouvelles technologies à l’œuvre, les robots, les systèmes interconnectés, dit Mme Dubois. On a besoin des meilleures en informatique, en programmation, de tout ce qui touche la technologie de demain. »

En trois temps

Le plan d’action lancé aujourd’hui vise dans un premier temps à sensibiliser le public à cette cause. On veut ensuite encourager les filles à s’orienter vers les programmes à forte connotation scientifique, désignés par le sigle STGM pour « sciences, technologies, génie, mathématiques ». On vise ensuite plus largement à valoriser la culture de diversité au sein des entreprises.