Montréal a connu la plus forte croissance économique parmi les villes canadiennes en 2017 et 2018. Cette effervescence marque le paysage. Il se construit actuellement deux fois plus de bureaux que dans les années passées. Visite guidée.

La silhouette de Montréal se modifie

Bientôt dix nouveaux immeubles de bureaux. Montréal prospère et sa silhouette se modifie. Présentation des nouveaux venus.

800, rue Saint-Jacques

ILLUSTRATION FOURNIE PAR LA BANQUE NATIONALE DU CANADA

Le 800, rue Saint-Jacques

La Banque Nationale construit un nouveau siège social de près de 1 million de pieds carrés, avec façade sur l’avenue Robert-Bourassa, œuvre de la firme Menkès Shooner Dagenais LeTourneux Architectes. L’édifice de plus de 500 millions de dollars comptera 40 étages d’une hauteur de près de 200 mètres. Les travaux seront exécutés d’ici la fin de l’année 2022. On y trouvera un grand hall lumineux, 400 stationnements de vélos, 80 bornes pour voitures électriques et un jardin extérieur au 40e étage.

700, rue Saint-Jacques

ILLUSTRATION FOURNIE PAR BROCCOLINI

Le 700, rue Saint-Jacques

Voisin de la future Tour Banque Nationale, Broccolini construit un immeuble à usage mixte haut de 200 mètres et comptant 58 étages, baptisé Victoria sur le parc. Il est prévu qu’un podium de 10 étages de 300 000 pieds carrés loge à la fois des locaux commerciaux et des bureaux. Les étages supérieurs seront occupés par 400 condos.

425, avenue Viger

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le 425, rue Viger

Allied Properties REIT investit près de 100 millions au 425 Viger indique Joey Odman, gestionnaire de la construction. Le propriétaire en profite pour moderniser les systèmes mécaniques de l’immeuble de briques et de béton construit en 1910 dans le style de l’École de Chicago. Il y rajoute trois étages en verre à son sommet. Google y a signé un bail de près de 100 000 pieds carrés, environ le tiers de la superficie de l’immeuble (324 000 pieds carrés).

1100, avenue Atwater

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le 1100 Atwater

L’ancien centre de traitement de données pour des banques est transformé en immeuble de bureaux de sept étages par la société Kevric, gestionnaire de Place Bonaventure. La construction de 175 500 pieds carrés s’apprête à être offerte sur le marché. La propriété est située de biais avec l’édicule de la station Atwater, au square Cabot, et fait face au large développement à usage mixte actuellement en construction sur le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants.

385, avenue Viger (Humaniti)

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Le 385, rue Viger (Humaniti)

Voisin du 425, avenue Viger, le chantier de la communauté verticale intégrée Humaniti des sociétés Cogir et DevMcGill collectionne les grues. La propriété au 385, avenue Viger comprendra un hôtel de 200 chambres, plus de 300 unités locatives, 150 condos, 15 000 pieds carrés de commerces et 60 000 pieds carrés de bureaux.

Carré Saint-Laurent

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le Carré Saint-Laurent

Fruit du travail de la Société de développement Angus, une nouvelle tour de verre de 9 étages accueillera plus de 700 fonctionnaires du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion du Québec (MIDI) sur 140 000 pieds carrés. Le Centre d’histoire de Montréal devrait s’établir au premier étage. Une trentaine de restaurateurs s’installeront au rez-de-chaussée, dans un hall de 20 000 pieds carrés et 20 pieds de hauteur, pour en faire une foire gastronomique.

Maison de Radio-Canada

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

La Maison de Radio-Canada

Broccolini devrait terminer la nouvelle maison en 2020. Signé par Beïque Legault Thuot Architectes, le bâtiment de 418 000 pieds carrés sera composé d’une tour de 7 étages et d’une autre de 4 étages. Radio-Canada deviendra locataire en vertu d’un bail d’une durée de 30 ans. On y trouve un espace collaboratif de 4 étages, un centre de l’info, un studio 42 nouveau genre, près d’une vingtaine d’espaces de production radio, un CPE et un stationnement pour 200 vélos.

1501, rue De Bleury (Îlot Balmoral)

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le 2566, rue de Bleury

Au 2566, rue de Bleury, la Société d’habitation et de développement de Montréal supervise les dernières étapes de la construction d’un bâtiment de 306 000 pieds carrés qui logera les studios de l’Office national du film, sur 6 des 13 étages. L’Université du Québec à Chicoutimi déménagera l’École des arts numériques, de l’animation et du design (NAD) dans le bâtiment signé par les architectes Provencher Roy + Associés.

1720, rue du Canal

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Le 1720, rue du Canal

À Pointe-Saint-Charles, Groupe Mach bâtit un immeuble de 30 millions pour recevoir les employés d’Airbnb et ceux de sa division Luxury Retreats. Le nouvel édifice de 6 étages et de 148 000 pieds carrés, conçu par la firme Simard Architectes, sera doté d’un stationnement intérieur, et le site comportera des sentiers pédestres, un parcours interprétatif relatant l’histoire industrielle du secteur.

6795, rue Marconi

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le 6995, Marconi

Au cœur du quartier de l’intelligence artificielle (IA) dans le Mile-Ex, Canderel et Claridge reconstruisent cet ancien immeuble industriel en bureaux-lofts de 110 000 pieds carrés pour accueillir, entre autres, l’équipe d’intelligence artificielle du géant américain Microsoft. Construite en 1986, la manufacture a hébergé une entreprise d’emballage de viande qui est ensuite devenue un fabricant de pizzas.

« Un nombre record de constructions au centre-ville »

Les tours de condos de 50 étages monopolisent l’attention, mais il se construit à l’heure actuelle pour près de 3 millions de pieds carrés de bureaux au centre-ville de Montréal. C’est le double de ce qui s’est bâti au cours des trois dernières années.

Dans un récent blogue, le président de l’agence immobilière Devencore, Jean Laurin, évoque même un nombre record de chantiers de bureaux au centre-ville.

C’est tout un contraste avec ce que Montréal a connu depuis les années 2000.

Comme le tableau de droite l’indique, environ 2,5 millions de pieds carrés se sont ajoutés à l’inventaire entre 2000 et 2014. Puis, l’activité s’est accélérée avec la construction de 1,5 million de pieds carrés de 2015 à 2018.

Dans l’ensemble du secteur institutionnel et commercial, qui couvre les tours de bureaux et de condos, le secteur a franchi la barre des 80 millions d’heures travaillées pour la première fois de son histoire en 2018, souligne la Commission de la construction du Québec (CCQ). L’exploit se répétera cette année, prévoit l’organisme chargé de la mise en œuvre de la Loi sur les relations du travail dans l’industrie de la construction. Les régions du Grand Montréal et de Québec comptent pour plus de 80  % du volume.

« Ce qui est intéressant à propos de ces nouveaux immeubles est le fait qu’à l’heure actuelle, la majorité des locaux – jusqu’à 75 % – sont déjà loués. »

— Jean Laurin

Ce vieux routier de l’industrie s’attend à ce que le taux de disponibilité des meilleurs bureaux au centre-ville de Montréal, au-dessus de 10 % et toujours supérieur à la moyenne canadienne, continue de reculer dans les prochaines années.

Un optimisme partagé

L’optimisme de M. Laurin était d’ailleurs partagé par les experts au récent Sommet immobilier de Montréal, qui s’est tenu le 17 avril au Palais des congrès avec un nombre record de 1400 participants.

Selon les prévisions de la firme Altus, le taux de disponibilité des meilleurs bureaux au centre-ville, ceux de catégorie A, devrait glisser jusqu’à 8 %, avant de remonter avec la livraison du nouveau siège social de la Banque Nationale, prévue en 2023.

« Je ne me rappelle pas d’avoir un taux de disponibilité de 8 % pour les immeubles de catégorie A au centre-ville », a confié Bernand Poliquin, vice-président principal, bureaux-Québec, pour Ivanhoé Cambridge, filiale immobilière de la Caisse de dépôt et placement, qui participait à un atelier sur l’immobilier de bureaux.

« Quand les locaux se libèrent dans des produits de qualité, considérant la vigueur de l’économie à Montréal, il y a preneur pour ces bureaux, a dit M. Poliquin. Les meilleurs immeubles à Montréal tirent très bien leur épingle du jeu. Les taux d’inoccupation ont baissé. »

M. Poliquin donne l’exemple de Place Ville Marie, dont le taux de disponibilité des locaux est passé de 30 % (après le départ de la firme Deloitte) à moins de 10 % en quatre ans.