(Montréal) Il n’existe pas d’unanimité au conseil des ministres sur l’intention du premier ministre François Legault de forcer la Caisse de dépôt et placement du Québec à acheter des trains du Québec pour le prolongement du Réseau express métropolitain (REM).

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a exprimé samedi un avis dissonant en marge du conseil général sur l’environnement de la Coalition avenir Québec (CAQ), à Montréal.

« On va voir ce qui va arriver avec le projet, comment on va connecter la Rive-Nord et la Rive-Sud, a-t-il commencé, en soulignant que le projet est encore à l’étude. Quand on aura décidé ce qu’on fait, c’est sûr qu’on aime encourager le Québec, mais il y a des règles internationales qu’on doit respecter, par contre.

“On n’est pas rendu dans ce détail-là encore. Exigence ? Il faut être prudent parce qu’on parle du côté légal de commerce international », a-t-il ajouté.

Plus tôt, M. Legault a déclaré qu’il forcera la Caisse à acheter des trains du Québec pour le prolongement du REM, même si la Caisse est censée être totalement indépendante et à l’abri de toute ingérence politique dans ses décisions. « C’est sûr, a-t-il dit en mêlée de presse. Que ce soit sous forme de REM ou de tramway, […] c’est sûr qu’on va exiger du contenu local. »

D’ailleurs, M. Legault a dit n’avoir jamais compris pourquoi l’ancien gouvernement libéral n’avait pas, lui, « exigé que la Caisse exige qu’il y ait une partie qui soit fabriquée au Québec ».

Son ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a abondé dans le même sens. En impromptu de presse samedi, il a déclaré qu’il y aura bel et bien une exigence de contenu local pour la deuxième phase du REM. Tout projet d’infrastructure en lien avec le transport collectif aura dorénavant des exigences de contenu québécois, a-t-il affirmé.

« Le Québec est le donneur de contrats, c’est lui qui détermine les mandats, donc il est tout à fait en droit d’exiger certaines clauses particulières », a-t-il déclaré.

La CAQ s’est engagée à prolonger le REM sur près de 40 km vers Laval et vers Chambly. Le REM est un réseau de train électrique privé, propriété de la Caisse. Il s’agit d’un projet de plus de 6 milliards, financé à hauteur de 3 milliards par des fonds publics. Il comptera 26 stations sur 67 km, mais la CAQ s’est engagée à prolonger le REM de 17 km au nord et de 22 km au sud.

Par ailleurs, les trains du Québec seront tout à fait compatibles avec les 212 voitures de la première phase qui sont fabriquées à l’usine de la compagnie Alstom, dans le sud-est de l’Inde, assure M. Charrette.

« Ce n’est pas un enjeu au niveau de la technologie », a-t-il dit.

Début mai, le gouvernement Legault a fait savoir que CDPQ Infra amorçait ses études préliminaires pour un prolongement du REM vers Laval, au nord, et vers Chambly et Saint-sur-Richelieu, au sud. À cela s’ajoute l’évaluation d’un nouveau système de transport collectif pour relier l’Est de Montréal et le secteur du cégep Marie-Victorin au centre-ville.

Le plan du REM actuellement en chantier comprend une grande ligne qui va de Deux-Montagnes jusqu’en Montérégie (Brossard), en passant par le centre-ville de Montréal, mais aussi des antennes dans l’ouest de l’île et vers l’aéroport Montréal-Trudeau.