Le ministre canadien de la Diversification du commerce international affirme qu'un groupe restreint de pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) espère convaincre les deux plus grandes économies de la planète de rescaper l'organisation en difficulté, sans toutefois donner d'échéancier pour un retour de la Chine et des États-Unis dans les discussions.

Aucun des deux pays n'a participé jeudi à la réunion d'une journée à Ottawa sur l'avenir de l'OMC, arbitre commercial international.

Construire un consensus sur des réformes spécifiques prendra du temps et sera impossible sans l'approbation de la Chine et des États-Unis, a déclaré jeudi le ministre Jim Carr.

M. Carr ne pouvait dire quand ni comment il espérait amener les Chinois et les Américains à la table  et a dit espérer que « la force de l'argument » et la détermination d'un « petit groupe très important » de membres de l'OMC suffiraient.

Les réformes ont été en grande partie insaisissables pour l'OMC, après 23 ans d'existence, mais la rhétorique hostile du président américain Donald Trump envers l'organisation donne encore plus d'urgence à la situation.

« Nous voulons rendre l'OMC plus efficace qu'elle ne l'a été. Elle a besoin d'être renouvelée », a affirmé M. Carr.

« Nous pensons qu'il y a beaucoup, beaucoup de pays dans le monde, y compris les États-Unis et la Chine, qui verront de la valeur dans la recherche de nouvelles façons d'aborder les vieux problèmes. Le temps est venu pour cette réforme et c'est un bon point de départ », a poursuivi le ministre.

L'ombre du président Trump se faisait sentir fortement dans la salle où 13 des 164 membres de l'OMC ont parlé, jeudi, à Ottawa, de la sauvegarde et du renforcement du système de règlement des différends, de l'amélioration de l'efficience de la fonction de surveillance de l'OMC, ainsi que de la modernisation des règles commerciales pour épouser les réalités du XXIe siècle.

Depuis Winnipeg, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a affirmé jeudi que le gouvernement avait estimé que les pourparlers seraient plus faciles sans les États-Unis et la Chine dans la salle.

Le premier ministre Justin Trudeau s'est entretenu ces derniers jours avec le premier ministre japonais Shinzo Abe et le président argentin Mauricio Macri au sujet des règles sur le commerce.

M. Trudeau a également évoqué la question aux côtés du premier ministre néerlandais Mark Rutte sur la colline du Parlement, jeudi, affirmant que tous deux soutiennent l'OMC et « un système commercial équitable et fondé sur des règles ».

M. Trump a bousculé l'ordre commercial mondial avec son penchant pour des droits de douane punitifs sur les importations, notamment des prélèvements sur l'acier et l'aluminium en provenance du Canada et du Mexique.

Les tarifs restent en vigueur malgré la conclusion d'un nouveau pacte commercial continental, baptisé Accord États-Unis-Mexique-Canada.

Des documents de dépenses du gouvernement rendus publics mercredi montrent que les libéraux demanderont au Parlement d'approuver 3,5 millions pour empêcher « l'acier et l'aluminium étrangers à des prix inéquitables » de pénétrer au Canada - et finalement le marché américain.

Ces dépenses font partie des efforts déployés par les responsables fédéraux pour convaincre le président Trump que le Canada empêche les produits chinois en particulier de parvenir aux États-Unis.