Theratechnologies ne digère pas la décision « regrettable » du gouvernement québécois d'écarter son médicament phare, l'Egrifta, de la liste des produits remboursés par le régime public. Le titre du groupe a glissé de presque 8 % hier en Bourse après l'annonce de ce rejet.

L'entreprise montréalaise a mis plusieurs années à développer l'Egrifta, utilisé pour traiter la répartition anormale des graisses chez les patients atteints de VIH. Plusieurs agences gouvernementales et assureurs privés ont accepté de le rembourser au Canada et aux États-Unis, mais Québec a pris la décision inverse, après une analyse de l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux (INESSS).

« La décision du gouvernement du Québec est malheureuse et décevante tant d'un point de vue scientifique qu'économique, a dénoncé Luc Tanguay, président et chef de la direction de Theratechnologies, dans un communiqué. Il a été scientifiquement démontré que l'excès de tissus adipeux viscéral est associé directement à plusieurs comorbidités, notamment les maladies cardiovasculaires et le diabète. »

DEMANDE DE RÉVISION

Luc Tanguay en a profité pour décocher quelques flèches à l'égard de Québec, hier. Selon lui, l'État envoie le message que le soutien à la recherche n'est pas une priorité. « Il est assez paradoxal que le gouvernement ait appuyé, par le biais de crédits d'impôt, le développement d'Egrifta durant des années pour ensuite ne pas accepter de le rembourser. »

Le patron de Theratechnologies espère convaincre Québec de revoir sa décision « pour le bien des patients et l'image du Québec ». Il se dit prêt à collaborer avec le gouvernement pour y parvenir. « À cet effet, nous soumettrons, dans les délais prescrits, une demande de révision de la décision de l'INESSS. »

Au cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, on a indiqué hier avoir suivi comme de coutume l'avis de l'INESSS, qui détermine quels médicaments peuvent être remboursés. « L'INESSS y recommande au ministre de ne pas inscrire l'Egrifta à la liste des médicaments, celui-ci ne satisfaisant pas au critère de valeur thérapeutique. Conséquemment, et comme d'habitude, le ministre a suivi la recommandation de l'INESSS. »

Le titre de Theratechnologies a reculé de 7,7 % hier à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 2,77 $.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Luc Tanguay, président et chef de la direction de Theratechnologies