Confrontée à des ventes qui ne lèvent pas, Valeant Pharmaceuticals veut relancer son médicament Addyi contre la baisse de libido féminine en remplaçant l'équipe de ventes pour ce traitement, composée de 140 travailleurs contractuels.

Dans une lettre destinée aux 22 000 employés de Valeant, le chef de la direction, Michael Pearson, a indiqué que l'entreprise lavalloise tenterait de relancer le traitement, disponible sur le marché américain depuis octobre.

Valeant a mis la main sur Addyi lors de son rachat, l'an dernier, de Sprout Pharmaceuticals en échange de 1 milliard $ US en espèces, en plus d'une portion des futurs profits.

L'acquisition a été annoncée quelques jours après que Sprout eut obtenu, le 18 août, l'approbation des autorités américaines pour la mise en marché du traitement pour rehausser le désir sexuel des femmes non ménopausées et augmenter leur nombre d'«événements sexuels satisfaisants».

Le traitement se vend 800 $ US par mois.

«Malgré nos meilleurs efforts en ce qui a trait à la commercialisation, les ventes d'Addyi n'ont pas encore répondu à nos attentes», a écrit M. Pearson dans une lettre dont La Presse Canadienne a obtenu copie.

Valeant a indiqué le mois dernier qu'elle n'atteindrait pas son objectif de ventes pour Addyi, qui se situait entre 100 millions $ US et 150 millions $ US par année.

M. Pearson a précisé que Valeant améliorerait sa stratégie de ventes et de marketing au cours des prochains mois.

Le contrat de l'équipe des ventes, conclu par Sprout auprès d'une organisation externe, prendra fin le 15 avril. Valeant a l'intention de former sa propre équipe de ventes pour vendre le médicament et «éduquer» les médecins au sujet des «bénéfices uniques à cet important produit».

D'ici au nouveau lancement, Addyi restera disponible, notamment par l'entremise d'un partenariat avec la chaîne de pharmacies américaines Walgreens.

L'analyste Doug Miehm, de RBC Marchés des capitaux, a estimé qu'Addyi faisait face à des «vents contraires significatifs» liés à la prescription et à la distribution du médicament par les médecins et les pharmaciens.

Valeant a en outre annoncé qu'elle mettrait à pied 140 de ses propres employés, dont 85 qui travaillent dans ses activités de dermatologie, 45 dans son secteur gastro-intestinal et 13 dans ses traitements spécifiques à la santé des femmes.

L'enquête sur Philidor close

Par ailleurs, l'enquête comptable de cinq mois menée par Valeant au sujet de sa relation avec la défunte société de vente par correspondance Philidor n'a pas permis de découvrir de nouveau problème qui exigerait que d'autres corrections soient apportés à ses résultats financiers, a indiqué la pharmaceutique.

Après avoir interrogé 70 personnes et étudié plus d'un million de documents, la société a indiqué que son conseil d'administration avait décidé de dissoudre le comité de révision ad hoc.

Les 12 administrateurs indépendants de Valeant superviseront maintenant la révision des résultats financiers de 2014 et de certaines parties de ceux de 2015, ainsi qu'une évaluation des contrôles internes.

La société a indiqué en février avoir découvert qu'environ 58 millions $ US de ventes réalisées par l'entremise de Philidor Rx Services avaient été mal inscrites à ses comptes, forçant une révision de ses résultats financiers.

Valeant espère être en mesure de soumettre ses résultats financiers révisés pour l'exercice 2015 aux autorités réglementaires d'ici le 29 avril, pour éviter de se retrouver en situation de défaillance.

Devenue, au fil de multiples acquisitions, l'une des sociétés les mieux évaluées au Canada, Valeant a vu son action dégringoler de ses sommets, l'été dernier, lorsqu'elle s'est retrouvée au coeur de différentes controverses - dont une au sujet de sa relation avec Philidor.

Valeant est en outre accusée d'avoir imposé des hausses de prix injustement élevées à certains de ses médicaments, ce qu'elle a rejeté.