Le prestigieux quotidien économique Financial Times est passé lundi sous le pavillon nippon du groupe d'informations financières Nikkei, après sa vente par l'éditeur britannique Pearson, ont annoncé les trois parties.

« Pearson a terminé aujourd'hui la vente du FT Group au Nikkei pour 844 millions de livres en numéraire », a expliqué l'éditeur dans un communiqué d'une ligne.

Ce prix, équivalent à 1,2 milliard d'euros (près de 1,7 milliard de dollars CAD), est identique à celui publié le 24 juillet lorsque Pearson avait annoncé le principe de cette vente, qui porte sur le quotidien britannique lui-même, véritable bible des milieux d'affaires, ainsi que sur son édition internet et diverses firmes de services.

La cession de l'influent titre avait été confirmée à l'issue d'une semaine où les rumeurs avaient abondé dans les salles de rédaction et de marchés à propos de l'identité de l'acheteur. Le groupe allemand de médias Axel Springer s'était mis sur les rangs mais avait été dépassé à la dernière minute par une offre surprise du Nikkei.

« Le Nikkei et le Financial Times débutent aujourd'hui leur partenariat après l'achat par le Nikkei du groupe de presse basé à Londres, qui appartenait à Pearson depuis 1957 », ont expliqué le géant japonais et sa nouvelle filiale dans un texte commun publié sur le site en ligne du FT.

« La marque reconnue du FT et sa façon innovante d'utiliser les technologies numériques seront inestimables pour le groupe Nikkei afin de mettre en place sa stratégie de croissance mondiale », a estimé le PDG du groupe japonais, Tsuneo Kita, cité dans le communiqué.

Le directeur général du FT, John Ridding, a souligné pour sa part que ce passage dans le giron du Nikkei allait permettre au groupe britannique d'accélérer son expansion mondiale. « Le FT a une bonne dynamique avec [cette année] la plus importante diffusion payante de ses 127 années d'histoire et un modèle d'affaires réussi », a-t-il expliqué dans le même communiqué.

Le FT Group évalue à 750 000 la diffusion quotidienne du Financial Times, dont 550 000 souscriptions payantes à son édition en ligne.

Fournies par un réseau international de plus de 600 journalistes, ses informations, analyses et commentaires, à l'orientation libérale parfois contestée, sont suivies de près par les responsables politiques et les décideurs du monde entier, au-delà des seuls milieux d'affaires.

Référence pour les dirigeants et cadres nippons, le groupe Nikkei édite le quotidien économique du même nom, mais publie aussi, entre autres, des magazines et des livres, fournit un fil d'information en temps réel, des données financières et des vidéos, en s'appuyant sur plus de 7300 employés (plus de 3000 pour le quotidien).

Le quotidien Nikkei est diffusé à 2,7 millions d'exemplaires papier et auprès de 430 000 souscripteurs en ligne.

Du côté de Pearson, la vente du FT s'inscrit dans une stratégie de recentrage sur l'édition, notamment éducative, et de désengagement du monde des médias. Outre le FT, le groupe britannique a annoncé mi-août la vente des 50 % qu'il possédait dans le magazine The Economist et dans d'autres filiales de l'Economist Group.

Cette part a été rachetée pour 469 millions de livres par Exor, le holding de la famille italienne Agnelli, ainsi que par The Economist Group lui-même.

Le 20 novembre, Pearson a annoncé en outre avoir trouvé un accord pour céder la part de 33 % qu'il détient dans le quotidien économique libéral russe Vedomosti, l'un des rares médias critiques du pouvoir en Russie. Pearson, tout comme le groupe américain Dow Jones qui possède lui aussi 33 % du journal, va céder cette participation à l'homme d'affaires russe Demian Koudriavtsev, qui détient le tiers restant. Le montant de la transaction, qui doit être bouclée avant la fin de l'année, n'a pas été précisé.