Les dirigeants du Nikkei se sont engagés vendredi à préserver la ligne éditoriale et l'indépendance du quotidien britannique Financial Times dont le groupe d'information économique japonais va prendre le contrôle en vertu d'un accord conclu après une courte réflexion de seulement cinq semaines.

«Nous n'avons pas l'intention de changer ni le fond ni la forme du Financial Times, tel il est, tel il restera», a déclaré Tsuneo Kita, président du groupe Nikkei, lors d'une conférence de presse à Tokyo.

«Nous préservons l'indépendance éditoriale, continuez ainsi, c'est ce que nous disons au Financial Times», a insisté le directeur général, Naotoshi Okada.

Jeudi, à la surprise générale, l'éditeur britannique Pearson avait annoncé la vente du FT Group, qui comprend notamment le prestigieux quotidien Financial Times, au Nikkei pour 844 millions de livres (1,7 milliard de dollars).

L'annonce soudaine de l'achat du journal aux pages saumon par le premier acteur de la presse économique nippone a suscité de nombreuses interrogations sur la stratégie du Nikkei et sur les risques de modification de la ligne éditoriale du FT, d'autant que la décision a été prise très vite, en moins de deux mois selon M. Kita.

«Après des discussions entamées il y a environ 5 semaines, je suis allé à Londres parler directement avec le patron de Pearson et finalement nous sommes tombés d'accord hier par téléphone», a précisé M. Kita.

«Nous avions une relation éditoriale avec le FT depuis des années et je pense que c'est le meilleur partenaire international», a insisté le président.

«Le FT bénéficie de la confiance de nombreux lecteurs non seulement en Europe, mais aussi ailleurs dans le monde, les hommes d'affaires et autres décideurs apprécient la qualité de ses articles comme la profondeur de ses analyses. Les valeurs du Nikkei sont communes à celles du FT», a encore déclaré M. Kita, se disant très heureux de l'accord passé avec Pearson.

Il s'est aussi dit en très bons termes avec John Ridding, le PDG du FT: «il m'a dit un jour ''vous êtes comme moi, avant d'être un patron, vous êtes un journaliste''».

Dans la presse et sur les réseaux sociaux, des journalistes, analystes et citoyens japonais se sont néanmoins inquiétés du fait que le Nikkei puisse influencer les articles du FT pour les rendre moins incisifs au risque de faire disparaître un regard extérieur indépendant sur l'économie et la politique du Japon.

Ces craintes ont été amplifiées par les déclarations de ministres japonais prompts à se féliciter. «Je me réjouis que grâce au passage du FT sous l'égide du Nikkei, les informations sur l'économie japonaise puissent être exprimées de façon plus exacte à l'attention de la communauté internationale», a notamment déclaré le ministre de la Revitalisation économique, Akira Amari.