La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) investira dans le secteur des télécommunications au Royaume-Uni dans le cadre d'une transaction qui devrait donner naissance à la plus importante société de téléphonie mobile dans ce pays.

L'institution et quatre autres partenaires ont conclu une entente de 5,7 milliards de dollars (3,1 milliards de livres sterling) avec Hutchison Whampoa Limited (HWL) pour acquérir 33 % du regroupement des entreprises Three et O2.

«C'est un secteur intéressant en raison de la croissance soutenue par le sous-secteur des données mobiles qui est là pour rester», a expliqué en entrevue le premier vice-président des placements privés et infrastructure à la CDPQ, Andreas Beroutsos.

Au Royaume-Uni, la part de marché d'O2 est estimée à environ 20 %, alors que Three, filiale du conglomérat hongkongais HWL, est le plus petit opérateur en plus d'être un des derniers à s'être implanté.

La nouvelle entreprise devrait compter quelque 33 millions de clients, a-t-on indiqué.

«Nous avions l'occasion de réaliser un partenariat avec HWL, a expliqué le haut dirigeant de la Caisse. Au cours des [10] dernières années, ils ont généré de l'argent pour leurs actionnaires. C'est un investissement à long terme.»

Pour M. Beroutsos, la Caisse, qui prône une stratégie d'investissement à long terme, ne pouvait laisser passer cette occasion d'acquérir une participation dans ce qui doit devenir le joueur le plus important dans cette région.

«Ce n'est pas tous les jours que l'on peut trouver une transaction pour arriver à concurrencer British Telecom (BT) ainsi que Vodafone», a expliqué le haut dirigeant de la CDPQ.

Les autres partenaires de la Caisse sont l'Office d'investissement du Régime de pension du Canada, GIC de Singaopore, Limpart Holdings ainsi que BTG Pactual du Brésil.

La participation de chacun des partenaires n'a pas été dévoilée, mais M. Beroutsos a affirmé qu'il s'agissait d'un investissement significatif pour chacune des parties impliquées.

Il a également souligné qu'il s'agissait d'une transaction «unique» parce que le montant était trop élevé pour un seul joueur. De plus, il était difficile pour la Caisse de l'ignorer puisqu'elle a été approchée.

«Hutchison avait approché les grands joueurs directement, a confié M. Beroutsos. Ce n'était pas un processus d'encan. HWL avait appelé [des investisseurs] en disant »si vous voulez le faire, vous pouvez le faire». Ce n'était pas une compétition.»

Le premier vice-président des placements privés et infrastructure de la CDPQ a également rappelé que le Royaume-Uni n'était pas un marché étranger pour l'institution. Plus tôt cette année, avec Hermes, elle avait mis la main sur la participation minoritaire du gouvernement britannique dans le réseau ferroviaire à grande vitesse Eurostar.

Pour l'ex-numéro deux de la Caisse Michel Nadeau, la CDPQ est maintenant en mesure de participer à ce genre de transaction en raison de la taille de son actif, qui, en date du 31 décembre, s'élevait à 225,9 milliards de dollars.

Si la CDPQ a déjà commis des erreurs en investissant trop d'argent dans certaines compagnies, ce dernier estime que le secteur des télécommunications représente un bon choix.

«C'est un rare secteur où il y a encore beaucoup de croissance, a expliqué M. Nadeau au cours d'un entretien téléphonique. Les gens vont continuer à communiquer et utiliser des données pour faire des achats sur l'internet, par exemple.»

La transaction avec HWL devra entre autres recevoir l'aval de l'Union européenne.

Les investissements des quatre partenaires sont toutefois conditionnels à l'acquisition d'O2 de son propriétaire actuel. En mars, HWL avait annoncé son intention d'acquérir O2 pour plus de 18 milliards de dollars.