L'économie canadienne s'est repliée de 0,1% en janvier, les ventes au détail et celles des grossistes ayant retraité pendant que le cours du pétrole brut poursuivait sa chute hivernale.

Cependant, le déclin du produit intérieur brut n'était pas aussi prononcé que les économistes ne l'avaient prédit. Selon les prévisions recueillies par Thomson Reuters, ceux-ci visaient une baisse de 0,2% pour le premier mois de 2015.

«Mais en même temps (...), ce n'est pas de très bon augure pour la croissance du PIB (au premier trimestre) de 2015», a observé Scott Smith, analyste de marché principal pour Cambridge Global Payments.

«Je crois que nous allons vraisemblablement continuer à observer des données stagnantes sur le PIB.»

Le recul du produit intérieur brut de janvier fait suite à sa hausse de 0,3 pour cent du mois de décembre et sa baisse de 0,2% de novembre, a précisé Statistique Canada.

L'agence fédérale a principalement attribué la chute du PIB en janvier à la diminution de 2,6% des ventes des grossistes et à celle d'un pour cent des ventes au détail. Le commerce des grossistes avait progressé de 1,8% en décembre, tandis que celui des détaillants avait déjà cédé 1,4 pour cent en décembre.

Malgré tout, M. Smith ne s'attend pas à ce que les chiffres de janvier convainquent le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, de modifier son taux d'intérêt directeur lors de sa prochaine annonce à ce sujet, prévue pour le 15 avril.

«(Les données) ne sont pas assez horribles, vraiment, pour qu'on s'attende davantage à voir M. Poloz réduire les taux lors des quelques prochaines rencontres», a-t-il estimé.

Stephen Poloz a pris les marchés par surprise en janvier en réduisant le taux de financement à un jour de la banque centrale d'un quart de point de pourcentage, à 0,5 pour cent. Il a expliqué sa décision en la qualifiant d'«assurance» pour se protéger de l'impact économique «clairement négatif» de la chute mondiale des cours du pétrole.

Le gouverneur a répété cette semaine son avertissement sur le choc économique attribuable à la baisse des prix du pétrole, affirmant, lors d'un entretien avec le Financial Times, que ces derniers allaient rendre «atroces» les données sur l'économie au premier trimestre.

L'économiste principal Benjamin Reitzes, de la Banque de Montréal, a noté qu'ironiquement, les données de janvier témoignaient d'une augmentation de 1,4% dans le secteur de l'extraction minière, de l'exploitation en carrière et de l'extraction de pétrole et de gaz naturel.

«Il est indéniable que l'économie canadienne a connu un mauvais début d'année en 2015, mais le recul du PIB n'était pas aussi mauvais que certains ne le craignaient», a écrit mardi M. Reitzes dans une note à ses clients.

L'économiste a prédit que la croissance économique de février resterait faible et qu'il existait une «assez bonne probabilité» d'observer une croissance négative du PIB pour le premier trimestre de 2015.

Selon M. Reitzes, il faudra maintenant voir si l'économie saura rebondir au deuxième trimestre, comme le prévoit la banque centrale. «Cela sera vraisemblablement un élément clé pour la politique monétaire», a-t-il écrit.

La publication des plus récentes données sur le PIB survient alors que le gouvernement fédéral se prépare à présenter son budget printanier.

La volatilité des prix du pétrole a contraint le gouvernement à reporter le dépôt de son budget au moins jusqu'en avril, ce qui est inhabituel. Ce document est généralement présenté en février, mais le ministre des Finances, Joe Oliver, a dit qu'il avait besoin de plus de temps pour tenir compte des conséquences économiques du plongeon des prix du pétrole.

Mardi, le premier ministre Stephen Harper a été questionné par ses opposants politiques à la Chambre des communes au sujet de la faiblesse des chiffres de janvier.

«L'économie canadienne a crû au cours de la dernière année et la Banque du Canada, ainsi que tous les autres experts ont prédit qu'elle progresserait au cours de l'année à venir», a expliqué M. Harper.

«De toute évidence (...), nous sommes bien au courant des impacts négatifs à court terme de la chute des prix mondiaux du pétrole sur l'économie canadienne.»

L'économie canadienne a progressé de 2,4 pour cent en janvier dernier par rapport à janvier 2014, a révélé mardi le rapport de Statistique Canada.