Le service américain de vidéo en ligne Netflix poursuit sa conquête de nouveaux utilisateurs et de nouveaux marchés, confirmant sa résistance face à la pression accrue de concurrents comme Amazon, qui redouble d'efforts dans la production originale.

«Le progrès a été tel que nous pensons maintenant pouvoir achever notre expansion internationale sur les deux prochaines années, tout en restant rentable, ce qui est plus tôt qu'attendu», écrit mardi la direction de Netflix dans sa lettre trimestrielle à ses actionnaires.

L'entreprise américaine, déjà présente dans une cinquantaine de pays dans le monde, y indique avoir terminé l'année 2014 avec 57,39 millions d'utilisateurs dans le monde, soit un gain «record» de 13 millions sur l'ensemble de l'année, et de 4,33 millions au quatrième trimestre.

Une grosse partie de cette progression a été enregistrée à l'international, où le service a gagné 2,43 millions d'utilisateurs ces trois derniers mois, pour atteindre 18,28 millions.

Le lancement courant septembre dans 6 nouveaux pays européens, dont la France «s'est bien passé, et nos nouveaux contenus originaux sont particulièrement populaires», assure en particulier le groupe.

En dépit de critiques mitigées, Netflix a notamment commandé une deuxième saison pour sa nouvelle série «Marco Polo». Et fort du succès de productions comme «House of Cards», qui vient de valoir un Golden Globe à son acteur principal Kevin Spacey, il dit vouloir continuer d'augmenter dans les années à venir la part de ses investissements consacrés à des contenus originaux.

Netflix se lancera à la fin du premier trimestre en Australie et en Nouvelle-Zélande, et plus tard cette année dans «de grands pays additionnels» non identifiés. Il dit être «encore en train d'explorer ses options» pour la Chine, où sa présence devrait en tout état de cause rester «modeste».

Cette expansion a permis à Netflix d'augmenter son chiffre d'affaires de 26% l'an dernier, à 5,5 milliards de dollars, tandis que son bénéfice net a plus que doublé à 266,8 millions de dollars (+137%), des performances saluées à Wall Street où son action s'envolait de presque 15% vers 17h30.

Amazon vise les salles de cinéma

Netflix profite de la popularité croissante de la télévision en ligne en streaming (flux sans téléchargement préalable), à laquelle rien qu'aux États-Unis, 47,7% de la population devrait s'adonner cette année, et 53% en 2018, selon la société de recherche eMarketer.

Cette pratique est toutefois de plus en plus «fragmentée entre une série de services», souligne Paul Verna, analyste chez eMarketer, évoquant «un environnement plus concurrentiel que jamais».

«Pendant longtemps, Netflix a profité d'une domination presque incontestée (...), mais maintenant il rivalise pour les dollars des consommateurs avec Hulu, Amazon, Google, Apple, et même (les chaînes de télévision) HBO et ESPN», fait valoir l'analyste.

Amazon en particulier, avec son service par abonnement Prime, s'annonce de plus en plus comme un acteur avec lequel il faut compter sur le marché du streaming.

Le géant de la distribution en ligne a investi lourdement ces dernières années pour muscler son offre de contenus vidéo.

Comme Netflix, il s'est lancé dans la production originale, dans les séries télévisées d'abord, mais désormais aussi dans le cinéma.

Amazon a ainsi annoncé lundi qu'il comptait commencer cette année à produire des films destinés à sortir en salles avant une distribution accélérée sur son site de streaming en ligne. L'objectif affiché est de 12 titres par an, un niveau comparable à certains studios hollywoodiens.

C'est une réplique massive à la suite de Tigre et Dragon, que Netflix prévoit de sortir le 26 août sur son service et dans des cinémas IMAX.

Cette offensive dans la vidéo en ligne commence à porter ses fruits.

L'une des dernières séries produites par Amazon, Transparent, qui raconte l'histoire d'un père de famille transgenre, vient en effet d'être récompensée par le Golden Globe de la meilleure série comique.

Et Amazon a réussi à convaincre Woody Allen de réaliser pour lui une série qui sera diffusée l'année prochaine aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne.