Sous la nouvelle gouverne de Janet Yellen, la Réserve fédérale américaine (Fed) abandonne l'atteinte de toute cible de chômage et d'inflation, avant l'augmentation possible de son taux directeur.

Elle va désormais «jauger les progrès, tant réalisés qu'attendus, dans la réalisation de ses objectifs d'emploi maximum et d'un taux d'inflation de 2%».

Le vote médian des 16 membres du Comité de politique monétaire (FOMC) suggère même que le taux directeur pourrait avoir grimpé à 1%, à la fin de l'an prochain. En décembre, la médiane indiquait plutôt 0,75%.

Ce changement a agité le marché obligataire, où l'on a bradé beaucoup de titres sur les échéances de 2 à 10 ans, et Wall Street, qui n'apprécie guère que le loyer de l'argent puisse augmenter.

Mme Yellen a cherché à expliquer que l'abandon de cibles quantitatives au profit d'indications qualitatives ne modifiait aucunement en substance l'orientation de la politique monétaire.

La Fed annonce sans surprise que le taux directeur continuera d'évoluer dans la fourchette de 0 à 0,25%, en place depuis décembre 2008. «Le FOMC s'attend toujours [...] à ce qu'il demeure adéquat bien après qu'aura pris fin le programme d'achats de titres financiers, surtout si les projections d'inflation persistent sous la cible à long terme de 2%.»

Pressée de questions par la presse, Mme Yellen a suggéré qu'une première hausse pourrait survenir quelque six mois après la fin du programme de rachats de titres.

La Fed diminue de 5 milliards ses achats mensuels d'obligations du Trésor et d'autant ceux de titres adossés à des créances hypothécaires. Au final, la planche à billets fonctionnera au rythme de 55 milliards par mois, à partir d'avril. Au rythme actuel, le programme de rachats serait terminé l'automne prochain.

Depuis décembre 2012, la Fed, qui était alors dirigée par Ben S. Bernanke, avait indiqué ne pas vouloir augmenter son taux directeur avant que le taux de chômage soit descendu à 6,5%, à moins que le taux d'inflation ou les attentes d'inflation ne dépassent le seuil de 2,5%.

En février, le taux de chômage était de 6,7%, tandis que le taux d'inflation dépassait tout juste 1%.

Mme Yellen a reconnu que le taux de chômage avait diminué plus vite qu'initialement escompté et que le marché du travail continue à s'améliorer. En revanche, l'inflation évolue plus lentement que prévu.

«Le FOMC s'attend à ce que, même après que les taux de chômage et d'inflation se seront rapprochés de leur seuils, les conditions économiques puissent requérir que le taux cible de financement à un jour demeure plus faible que ce qu'il considère normal à long terme», lit-on d'ailleurs dans le communiqué.

La Fed vise un taux d'inflation de 2,0%. Un taux de chômage optimal serait aux environs de 5,4%, tandis que le taux directeur normal à long terme serait aux environs de 4%.

Les membres du FOMC ont aussi ajusté leur scénario économique pour les années 2014, 2015 et 2016.

La fourchette de croissance est ramenée à 2,8-3,0% (comparativement à 2,8-3,2% en décembre). La météo hivernale a ralenti l'expansion en ce début d'année, reconnaît la Fed.

Pour 2015 et 2016, les fourchettes sont ramenées de 3,0-3,2% à 2,5-3,0%. Il s'agit d'un repli de deux dixièmes pour le haut des fourchettes.

La fourchette du taux de chômage est aussi revue à la baisse pour les trois années. Elle sera sous la barre de 6,5% à la fin des trois années, alors qu'elle aurait pu être à 6,6%, à la fin de 2014, selon la projection de décembre.

La cible d'inflation de 2% ne sera atteinte qu'à la fin de 2015, au plus tôt. À la fin de 2016, on n'entrevoit pas qu'elle aura pu la dépasser.