Les États-Unis ont ramené en novembre leur déficit commercial à son plus bas niveau depuis quatre ans en réduisant leur dépendance au pétrole étranger grâce au boom de leur secteur énergétique.

La balance commerciale américaine reste dans le rouge en novembre mais le déficit a fondu de près de 13% en un mois pour atteindre 34,3 milliards, son plus bas niveau depuis septembre 2009, porté notamment pas des exportations record, a indiqué le département du Commerce mardi.

Cette nouvelle décrue, après celle de près de 9% observée en octobre, a surpris les analystes et tient pour beaucoup au secteur énergétique, en pleine expansion aux États-Unis grâce à l'exploitation du pétrole de schiste.

«La plus grande partie de la réduction du déficit repose sur les produits pétroliers», note Patrick Newport, économiste à IHS Global Insight.

En novembre, les exportations de produits pétroliers américains ont ainsi atteint le montant sans précédent de 13,3 milliards de dollars, en hausse de 5,5% sur un mois, tandis que les importations reculaient à 28,5 milliards, leur plus bas niveau depuis trois ans, selon les données du ministère.

Dans le détail, les achats de pétrole brut à l'étranger, qui comptent pour environ 10% des importations américaines, ont fondu de 10,8% en novembre, à 21,4 milliards de dollars.

Résultat: le déficit commercial américain sur les produits pétroliers a touché en novembre son plus bas niveau depuis mai 2009, éclipsant les autres données du ministère.

«Les achats record de voitures étrangères et de biens d'équipements semblent indiquer un renforcement des consommateurs (américains) mais la véritable histoire ici, c'est le pétrole», souligne Jay Morelock du cabinet FTN Financial.

Vers l'indépendance énergétique

Premiers consommateurs d'or noir sur le globe, les États-Unis surfent depuis plusieurs mois sur un pétrole de schiste en pleine expansion avec l'indépendance énergétique en ligne de mire.

En octobre et pour la première fois en près de vingt ans, les États-Unis avaient ainsi produit plus de pétrole en octobre qu'ils n'en ont importé, avait relevé l'agence américaine d'information énergétique (EIA) mi-novembre.

Et selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui représente les intérêts des pays développés, les États-Unis deviendront même le premier producteur mondial de pétrole dès 2015, détrônant l'Arabie Saoudite et la Russie.

«Le secteur énergique national soutient étroitement la croissance en permettant de garder les dollars dans le pays», estime l'économiste Joel Naroff, de Naroff Economics Advisers, selon qui la réduction du déficit commercial en novembre devrait doper le produit intérieur brut au 4e trimestre.

Certains s'inquiètent toutefois du rôle prépondérant du secteur énergétique, par nature volatil, dans l'amélioration de la balance commerciale américaine.

«La bonne nouvelle (de la réduction du déficit) doit être tempérée par le fait que le fait que l'amélioration n'est liée qu'au secteur pétrolier (...) et à aucun autre aspect de la politique commerciale américaine», a estimé le United States Business and Industry Council, un groupe de pression du secteur industriel basé à Washington.

En clair: le boom pétrolier ne résoudra pas les grands déséquilibres qui plombent les États-Unis, notamment vis-à-vis de ses principaux partenaires commerciaux.

En novembre, le déficit sur les échanges de biens avec la Chine s'est réduit de près de 7% , mais il s'élève encore à 26,9 milliards de dollars.

«Notre déficit commercial avec la Chine reste sur une trajectoire record pour 2013 et fait peser un poids considérable sur la croissance économique, tout en limitant de futures opportunités d'emplois», a estimé l'Alliance for american manufacturing (AAA), un autre groupe de pression industriel.

Les États-Unis continuent par ailleurs d'afficher un net déficit vis-à-vis de l'Union européenne, leur premier partenaire commercial, même s'il a reculé en novembre de 30% sur un mois à 10,1 milliards de dollars.

Les États-Unis et l'UE sont actuellement engagés dans des négociations visant à créer l'une des plus grandes zones de libre-échange sur le globe.