Comme il fallait s'y attendre, la Réserve fédérale américaine (Fed) n'avait aucunement envie de porter sur les marchés financiers les peurs entourant la fête d'Halloween. Elle n'avait pas de douceurs non plus à leur offrir.

Elle reconduit plutôt intégralement son programme d'achats d'obligations du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires, à hauteur de 85 milliards US par mois.

Elle réinvestit aussi le principal et les intérêts des titres venus à échéance qu'elle détient dans le crédit hypothécaire.

Elle réitère enfin que son taux directeur continuera de se négocier dans la fourchette de 0 à 0,25%, au moins tant que le taux de chômage dépassera 6,5% et que l'inflation n'excédera pas 2,5% sur un horizon de deux ans. Cette fourchette est en place depuis décembre 2008.

Le statu quo est mot pour mot celui qu'on pouvait lire dans son communiqué du 18 septembre.

À vrai dire, le libellé de celui d'hier ne comporte que deux nuances mineures sur la lecture de la conjoncture par rapport au précédent.

Disparue d'abord la mention que «le resserrement des conditions financières observées au cours des derniers mois pourrait ralentir l'amélioration de l'économie et du marché du travail, si elle persistait».

Cela pourrait signifier qu'une des raisons évoquées par la Fed en septembre pour ne pas ralentir sa planche à billets n'est plus justifiée. Depuis, le taux sur les obligations du Trésor de 10 ans, qui s'élevait à près de 3%, est descendu à 2,53%. Il est même passé sous les 2,5% il y a quelques jours.

La seconde nuance concerne le marché de l'habitation. Même si les taux hypothécaires ont quelque peu baissé, la Fed constate que la reprise «a quelque peu ralenti au cours des derniers mois». En septembre, la Fed jugeait plutôt que l'habitation «se renforçait en dépit de la hausse des taux et du ralentissement économique causé par la politique fiscale».

En somme, rien qui puisse justifier autre chose que le statu quo.

Des indicateurs économiques décevants comme la faiblesse des ventes des détaillants et de la création d'emplois de même que la décélération de l'inflation (1,2% en septembre) avaient nourri une certaine spéculation selon laquelle la Fed s'apprêtait à ouvrir les vannes davantage. Voilà qui peut expliquer le recul des grands indices boursiers dans les minutes suivant l'annonce.

Ralentir la cadence mensuelle des achats de titres dépendra avant tout d'indicateurs économiques encourageants et d'un assouplissement des tensions entre le Congrès et la Maison-Blanche.

Dans le premier cas, les autorités monétaires pourront analyser les données du marché du travail d'octobre et de novembre à leur prochaine réunion des 17 et 18 décembre. Les chiffres de septembre étaient peu encourageants.

Elles pourront aussi mieux jauger la situation au Congrès. C'est au plus tard le 13 décembre qu'un comité bipartite doit présenter un plan budgétaire pour l'exercice en cours. Faute d'y parvenir, le gouvernement pourrait de nouveau être paralysé en janvier, sans compter qu'il faudra avant février s'être entendu sur le relèvement du plafond de la dette.

Tant que ces obstacles n'auront pas été aplanis, gageons que la planche à billets de la Fed fonctionnera à plein régime, au moins jusqu'à ce que Janet Yellen ait remplacé Ben S. Bernanke à sa tête.