Le numéro un mondial de la pharmacie, l'Américain Pfizer (PFE), reste à la recherche d'un nouveau souffle deux ans après la perte d'exclusivité sur son ex-médicament vedette Lipitor, à laquelle s'ajoute l'expiration d'autres brevets.

Le laboratoire a annoncé mardi un bénéfice net part du groupe en baisse de 19% sur un an au troisième trimestre à 2,59 milliards de dollars. Il ressort à 58 cents par action hors éléments exceptionnels, mieux qu'attendu par les analystes.

Le chiffre d'affaires a reculé de 2% à 12,6 milliards de dollars, un peu en dessous des prévisions de Wall Street, pâtissant notamment d'un effet de change négatif.

«Nous continuons à générer une performance solide d'un point de vue opérationnel, en dépit de la perte d'exclusivité» de médicaments clé, a commenté le PDG Ian Read, cité dans un communiqué. Il faisait notamment allusion à l'ex-vache à lait du groupe, l'anticholestérol Lipitor, qui a rapporté jusqu'à 10 milliards de dollars par an et représenté 15% de son chiffre d'affaires.

Le médicament, qui est confronté à la concurrence de plusieurs génériques depuis fin 2011, a encore vu ses ventes chuter de 29% sur un an au troisième trimestre, à 533 millions de dollars.

M. Read a également noté «l'expiration progressive» de la collaboration avec l'allemand Boehringer Ingelheim sur le Spiriva (médicament contre les bronchites chroniques) dans certains pays, «en plus d'un environnement opérationnel difficile».

Les ventes de Pfizer ont aussi pâti de l'expiration du brevet du Viagra en Europe en juin. Le médicament va tomber dans le domaine public en novembre au Japon mais Pfizer en garde les droits exclusifs jusqu'en 2020 aux États-Unis.

Le Lyrica (douleurs associées à certains troubles nerveux) a vu son brevet expirer en février au Canada et il en sera de même en Europe dans un an.

Celebrex (arthrite), un autre «blockbuster», à savoir un médicament affichant plus d'un milliard de dollars de ventes annuelles, a affiché des ventes en hausse de 13% au troisième trimestre mais lui aussi perdra ses droits exclusifs en Europe au quatrième trimestre 2014.

M. Read s'est en revanche félicité de la bonne performance de Pfizer dans les nouveaux anti-cancéreux, notamment l'Inlyta et le Xalkori et le Xelianz, contre le psoriasis et récemment lancé, «continue à enregistrer des résultats conformes à nos prévisions», a-t-il poursuivi.

Manque de relais de croissance

Les analystes de Barclays se montraient toutefois circonspects, d'après une note: «nous continuons à voir des pressions sur les ventes à l'avenir (...). Les nouveaux lancements restent faibles, les produits centraux manquent d'un moteur de croissance».

Le groupe a abaissé ses prévisions de chiffre d'affaires pour l'ensemble de l'année à une fourchette comprise entre 50,8 et 51,8 milliards de dollars alors qu'il attendait jusqu'à présent jusqu'à 52,8 milliards.

Pfizer a par ailleurs relevé la limite basse de sa fourchette de prévision de 2,10 à 2,15 dollars par action et table jusqu'à 2,20 dollars pour la partie haute.

L'action gagnait 1,56% à 31,22 dollars en fin de séance.

Pfizer n'est pas le seul grand groupe pharmaceutique américain confronté au casse-tête de la perte de brevets.

Lundi, Merck a publié un bénéfice en chute de 35% sur un an avec des ventes en baisse de 4% et inférieures aux prévisions de Wall Street, notamment pour cette raison.

Le laboratoire mène une profonde restructuration qui passe par une réduction visée de 20% de ses effectifs d'ici à la fin 2015 et une réduction drastique de ses dépenses de recherche et marketing, qu'il promet plus ciblées à l'avenir.

Pfizer avait pour sa part annoncé en juillet qu'il réorganisait ses activités commerciales en trois grandes unités, poursuivant sa mue en vue de potentielles nouvelles scissions, quelques mois après s'être séparé de sa division de soins vétérinaires Zoetis.

Parmi les médicaments en développement, M.  Read a souligné que Pfizer allait lancer début 2014 en partenariat avec Bristol-Myers Squibb le traitement des effets de la ménopause Duaveetm.

Le groupe a aussi annoncé mardi un accord avec Eli Lilly pour «commercialiser conjointement dans le monde le tanezumab», un traitement de l'ostéoporose et des douleurs lombaires.