Une guerre de chiffres s'est déclarée entre le ministre des Finances, Nicolas Marceau, et l'opposition au sujet de la variation du nombre d'emplois cette année.

Du côté de l'opposition, on affirme que l'économie québécoise compte 45 400 emplois de moins depuis le début de l'année, alors qu'on en dénombre 101 200 de plus d'un océan à l'autre.

Le ministre rétorque qu'après huit mois cette année, le Québec compte 62 200 emplois de plus que durant la période correspondante l'an dernier et le Canada, 244 100 de plus.

Qui dit vrai?

Les deux séries de chiffres sont exactes. Si la première est moins fiable, elle reflète mieux la tendance récente.

Les variations des données de l'Enquête sur la population active (EPA) cumulées à partir de janvier sont tributaires des chiffres du mois de décembre précédent. Plus ceux-ci sont élevés, plus la barre est haute pour commencer le décompte de l'année suivante, et vice-versa. Les volatilités mensuelles discréditent souvent cette méthode.

En décembre 2012, l'EPA indique une variation de 5800 emplois pour le Québec. Mieux, il s'agissait de la quatrième variation positive en cinq mois. Autrement dit, la majorité des nouvelles embauches en 2012 ont été réalisées en seconde moitié d'année.

Tendance

Cette façon de compter est tout de même celle utilisée par la plupart des économistes du secteur financier et par l'agence fédérale qui en publie le décompte tous les mois. Elle donne une bonne idée de la tendance.

Les économistes d'autres institutions, dont les universités et les documents du ministère des Finances, utilisent une autre méthode. Ils calculent la différence moyenne entre le nombre d'emplois d'une période donnée (mettons de janvier à août l'an dernier) et celui de la même période cette année.

«Au fur et à mesure que l'on avancera dans le temps, la moyenne de 2012 augmentera, compte tenu des gains importants de l'automne dernier, note Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins. Reste à savoir dans quelle mesure l'emploi augmentera ou diminuera à l'automne 2013.»

On peut d'ores et déjà prendre la mesure à coup sûr de la cassure entre la création d'emplois à l'échelle pancanadienne et celle du Québec. Depuis un an (d'août à août), il s'est ajouté 246 100 emplois d'un océan à l'autre, mais seulement 5100 au Québec, selon l'EPA.