L'inflation annuelle canadienne a avancé d'un dixième de point à 1,3% en juillet, une lecture plus faible que prévu qui a été interprétée comme une nouvelle preuve de la faiblesse de l'économie.

Le dollar canadien, qui a passé la semaine à perdre des plumes vis-à-vis de la devise américaine, a glissé d'environ un tiers de cent US à la suite de la publication du rapport de Statistique Canada, avant de se reprendre et de clôturer la séance en hausse de 0,14 cent US, à 95,23 cents US.

Le recul du huard ces derniers temps est en partie attribuable au fait que plusieurs observateurs s'attendent à ce que les taux d'intérêt américains progressent avant la fin de l'année, ce qui produirait de meilleurs rendements pour les investisseurs.

La Banque du Canada, de son côté, ne devrait pas commencer à hausser ses taux d'intérêt avant que l'inflation ne grimpe de façon plus significative, ce qui devrait normalement survenir lorsque l'économie sera plus vigoureuse.

«Les données tamisées de juillet sont conformes à celles d'une économie qui croît en deçà de son potentiel, ce qui ne fera que renforcer l'hésitation de la Banque du Canada à hausser les taux bientôt», a observé l'économiste en chef de Capital Economics, David Madani, depuis Toronto.

«Avec une croissance qui devrait rester stagnante cette année et la prochaine, il faudra encore un bon moment avant que les pressions sur la capacité ne menacent de faire grimper l'inflation au-delà de la fourchette cible d'entre un et 3% que privilégie la banque.»

Les analystes s'attendaient en moyenne à ce que l'inflation progresse de 0,2 point à 1,4% en juillet, après avoir avancé de 0,5 point en juin et de 0,3 point en mai, ce qui avait été essentiellement attribué à une hausse des prix de l'essence à la suite de leur recul du printemps.

Mais les économistes s'entendent généralement pour dire que l'inflation va maintenant se stabiliser légèrement au-dessus de 1% pendant quelques mois.

L'économiste en chef de la Banque de Montréal, Doug Porter, a noté qu'il y avait peu de pressions inflationnistes à l'horizon.

Le prix de l'essence était 6,1% plus élevé en juillet qu'au même mois l'an dernier, mais les prix à la pompe ont quelque peu diminué depuis.

En outre, les prix des aliments semblent être plus stables qu'ils ne l'ont été en plusieurs années. En juillet, les coûts de l'alimentation ont, dans l'ensemble, progressé d'un maigre 0,8% par rapport à l'an dernier, ce qui est leur plus faible gain en trois ans. Les prix des aliments achetés en magasins ont encore moins grimpé, gagnant 0,5% par rapport à l'an dernier, tandis que ceux des fruits et légumes frais et de la viande ont moins augmenté le mois dernier qu'en juin.

La plupart des principales composantes de l'indice des prix à la consommation ont affiché de faibles variations. Les coûts du logement ont progressé de 1,3%, ceux des loyers ont pris 1,7%, les véhicules automobiles ont coûté 2% de plus et les impôts fonciers ont gagné 2,8%. Une des hausses les plus importantes a été celle du prix du gaz naturel - il a bondi de 12,3% -, mais cet élément n'est qu'un contributeur mineur à l'inflation.

Entre-temps, plusieurs biens et services ont vu leurs prix carrément afficher des déclins. Les prix des hypothèques ont retraité de 3,8%, ceux de l'équipement vidéo de 9%, ceux des fournitures et équipements de soins personnels de 2,9%, ceux des médicaments de 4,4% et ceux des voyages organisés, de 4,8%.

«Le portrait d'ensemble de l'inflation canadienne montre une hausse graduelle par rapport aux creux touchés plus tôt cette année, mais elle n'est toujours pas menaçante», a écrit M. Porter dans une note à ses clients.

L'inflation de base, un meilleur indicateur des pressions structurelles sous-jacentes sur les prix, s'est établie à 1,4% en juillet, un dixième de point plus élevé qu'en juin. Sur une base mensuelle, les prix ont aussi grimpé d'un dixième de point.

Le rapport comprenait peu de surprises pour les marchés et la Banque du Canada, qui ont conclu depuis longtemps que tant que les économies canadienne et mondiale continueraient à en arracher, que les taux d'intérêt resteraient faibles, que la demande serait mince et que le taux de chômage serait relativement élevé, il y aurait peu de pression dans le système pour soutenir une embellie des prix à la consommation.

La Banque du Canada a prévu que l'inflation ne remonterait pas à 2% avant au moins 2015.

Du côté des provinces, le Manitoba a affiché la plus forte inflation en juillet, soit 3%, notamment à cause d'une hausse d'un point de pourcentage de la taxe de vente provinciale. La plus faible inflation a été observée en Colombie-Britannique, où les prix sont restés inchangés en juillet par rapport au même mois l'an dernier.