Le distributeur en ligne Amazon, qui investit énormément pour se développer à l'international, dans les tablettes ou encore dans les contenus numériques, a présenté la facture jeudi avec des comptes trimestriels dans le rouge.

Le groupe américain a accusé au deuxième trimestre une perte nette de 7 millions de dollars, contre un bénéfice du même montant sur la même période un an auparavant.

Le résultat par action, qui sert de référence au marché, est négatif de 2 cents quand les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice de 5 cents.

Le bénéfice d'exploitation a plongé pour sa part de 26% à 79 millions de dollars.

Le chiffre d'affaires a pourtant bondi, conformément aux attentes, de 22% à 15,7 milliards de dollars.

Mais c'est aussi le cas des dépenses marketing (+26%) ou de celles consacrées aux «technologies et contenus» (+47%).

Ces dépenses sont «des investissements supplémentaires pour soutenir la poursuite de la croissance de nos activités», a souligné le directeur financier, Thomas Szkutak, lors d'une conférence avec des analystes.

Amazon est notamment passé au cours du trimestre à l'offensive mondiale pour sa tablette informatique Kindle Fire, rivale de l'iPad d'Apple, portant de 7 à 170 le nombre de pays où elle était commercialisée.

Le Kindle, dont Amazon n'a jamais divulgué les chiffres de vente, est au coeur de la stratégie de diversification du groupe, qui sort de plus en plus de son rôle de commerçant pour se développer dans les services en ligne aux entreprises, le matériel ou les contenus électroniques.

Thomas Szkutak a évoqué les possibilités de «capitaliser» sur lui, en particulier «du point de vue des contenus numériques».

Quant au patron-fondateur Jeff Bezos, qui ne participait pas à la conférence, il lui consacre son seul commentaire dans le communiqué, disant être «reconnaissant à nos clients pour leur réponse aux appareils Kindle et à notre écosystème numérique».

«Capitaliser» sur le Kindle

Comme Apple avec ses boutiques en ligne de musique ou d'applications mobiles, Amazon s'efforce de construire un écosystème autour de sa tablette, en particulier avec son service «Prime» dont l'abonnement offre des livraisons gratuites mais aussi l'accès à toute une série de contenus numériques: livres, musique, vidéo ou jeux.

Jeff Bezos souligne que les 10 produits les plus vendus dans le monde par Amazon sont désormais tous numériques (Kindle, accessoires ou contenus), et que Prime compte maintenant plus de 40.000 films ou épisodes de séries, pour certains exclusifs.

C'est désormais sur Prime, et plus chez le concurrent Netflix, que les internautes peuvent regarder en streaming sans téléchargement des programmes pour enfants comme «Bob l'éponge» ou «Dora l'exploratrice», ou des séries comme «Downton Abbey».

Amazon a aussi donné son feu vert au démarrage de la production de toute une saison pour 5 séries originales, qui seront mises en ligne sur Prime «plus tard cette année ou en 2014», rappelle son communiqué.

«Amazon grossit et grossit et Jeff Bezos semble ne pas se préoccuper des marges aujourd'hui. Son objectif est probablement de positionner Amazon pour les années 2016 à 2020, voire au-delà», commente le site d'analyse 247wallst.com.

Au deuxième trimestre, la marge opérationnelle du groupe était de seulement 4,3% en Amérique du Nord, et nulle pour le reste du monde.

Thomas Szkutak a jugé «possible» d'arriver à une marge dépassant 10%, mais noté que «si une bonne marge à un chiffre nous apporte davantage de liquidités, c'est bien aussi».

L'amélioration ne semble de toute manière pas pour le troisième trimestre, pour lequel le groupe prévoit à nouveau une forte croissance de son chiffre d'affaires, de 12% à 24%, mais une perte d'exploitation entre 65 et 440 millions de dollars.

Dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse de New York, l'action Amazon perdait 2,06% à 297,14 dollars vers 18 h 20.