La Banque du Canada a maintenu mercredi son taux directeur à 1%, inchangé depuis septembre 2010, revoyant «légèrement à la baisse» ses prévisions pour l'économie mondiale.

Les analystes s'attendaient à une telle décision et selon Avery Shenfeld, économiste chez CIBC, l'institution d'Ottawa a choisi mercredi de se concentrer dans ses commentaires sur «les faiblesses» de l'économie, ce qui «minimise» les probabilités de révision à la hausse du taux directeur à court terme. 

«Ils ont en fait décidé de clarifier sous quelles conditions les politiques allaient commencer à se resserrer», a fait valoir M. Shenfeld.

D'autres croyaient que la première annonce de politiques depuis l'entrée en fonctions de M. Poloz, le 1er juin, soit l'occasion d'emprunter une autre voie que celle de son prédécesseur Mark Carney, mais le discours était sensiblement le même.

Guy Phaneuf, directeur général des marchés monétaires chez BMO Nesbitt Burns, a soutenu que la Banque du Canada peut difficilement faire autrement étant donné le peu d'inflation et les quelques signes d'essoufflement de l'économie canadienne.

M. Phaneuf entrevoit une stabilité des taux pour au moins un an, et probablement jusqu'à la mi-2015. Et même, il croit que le Canada ne songera à hausser les taux que lorsque les États-Unis montreront des signes en ce sens.

Au Canada, «la croissance économique sera volatile à court terme, en raison de facteurs temporaires inhabituels», a souligné la banque centrale dans un communiqué, disant s'attendre à une croissance de 1,8% en 2013 (contre 1,5% estimé en avril et 2% précédemment) et de 2,7% en 2014 (contre 2,8% en avril).

L'institution remarque que «malgré les défis qui subsistent sur le plan de la compétitivité», les exportations devraient gagner «en vigueur».

«Tant que l'économie canadienne affichera une marge importante de capacités inutilisées, que les perspectives en matière d'inflation resteront faibles et que l'évolution des déséquilibres dans le secteur des ménages continuera d'être constructive, la détente monétaire considérable en place actuellement demeurera appropriée», a fait valoir le gouverneur.

Ceci devrait «stimuler la confiance et favoriser une croissance de plus en plus solide des investissements des entreprises», a-t-il ajouté.

Autre élément favorable à l'économie canadienne, les dépenses de consommation devraient poursuivre leur croissance, bien que «l'investissement résidentiel devrait connaître encore de modestes reculs».

Au niveau de l'inflation, il faut s'attendre à ce qu'elle demeure «basse» à court terme, mais elle devrait atteindre les 2% «vers le milieu de 2015», indique le communiqué.

L'indice des prix à la consommation (IPC) est au quasi-point mort depuis plusieurs mois au Canada: il n'a augmenté que de 0,7% au cours des 12 mois terminés en mai, en progression toutefois par rapport au taux de 0,4% en avril.

«Tant que l'économie canadienne affichera une marge importante de capacités inutilisées, que les perspectives en matière d'inflation resteront faibles et que l'évolution des déséquilibres dans le secteur des ménages continuera d'être constructive, la détente monétaire considérable en place actuellement demeurera appropriée», a ainsi observé la Banque du Canada.

Sur le plan de l'économie mondiale, l'institution a pointé une croissance qui «demeure modeste», malgré des variations considérables «d'une grande économie à l'autre».

Aux États-Unis, premier partenaire commercial du Canada, la Banque souligne que la croissance se poursuit de manière modérée, la demande privée en hausse permettant de faire contre-poids à «l'incidence de l'assainissement budgétaire».

Le Japon de son côté connaît «un redressement rapide» de sa croissance économique.

À l'inverse, «l'activité reste faible» en zone euro et le ralentissement économique se poursuit en Chine, «ce qui exerce une pression à la baisse sur les cours mondiaux des produits de base», note la banque centrale.

La prochaine réunion de la Banque du Canada aura lieu le 4 septembre.

- Avec La Presse Canadienne