Deux institutions, l'une coopérative québécoise et l'autre mutualiste française, s'unissent pour créer un fonds d'investissement de 100 millions de dollars destiné aux entreprises technologiques qui en sont aux premiers stades de la commercialisation ou en phase d'expansion.

Doté actuellement d'un capital de 50 millions en provenance du Mouvement Desjardins et du Crédit Mutuel qui ont investi respectivement 20 et 30 millions, le fonds Emerillon recherche d'autres investisseurs pour faire monter rapidement la cagnotte à 100 millions.

Clin d'oeil à l'histoire, L'Émérillon est l'un des trois navires qui ont pris part au deuxième voyage de Jacques Cartier au Canada.

Quant au rendement sur investissement attendu, le fonds a le luxe de se montrer patient. «On ne demande pas de maximiser à fond la rentabilité à court terme. Il faut aussi que ces sociétés puissent se développer. Notre rentabilité peut se faire dans la durée», a pris la peine de préciser Antoine Jarmak, président de CM-CIC Capital Finance, le parrain français du nouveau fonds d'investissement.

CM-CIC Capital Finance est le pôle d'investissement de Crédit Mutuel-CIC, quatrième groupe bancaire français en importance.

M. Jarmak et deux dirigeants de son équipe de Capital Innovation ont rencontré La Presse hier.

Un nouvel acteur bienvenu

«L'arrivée d'un nouveau fonds signifie de nouveaux coïnvestisseurs pour l'industrie, ce qui est toujours une nouvelle positive», dit Jacques Bernier, associé principal chez Teralys, à qui on a demandé sa réaction à la création du fonds Emerillon.

Emerillon est un fonds généraliste tout en ayant un penchant pour les technologies de l'information, les télécommunications, le secteur médical, hormis la pharmaceutique et les technologies propres.

«On cherche des sociétés avec des avantages technologiques durables dotés d'une équipe de gestion avec laquelle on se sent à l'aise de s'associer et de vivre une aventure qui peut aller jusqu'à sept ans et parfois plus», décrit Ludovic André, directeur général du fonds Emerillon.

Il dirige une équipe de trois employés canadiens à ses bureaux de Montréal, situés chez Desjardins à Montréal. Deux autres ressources s'ajouteront lorsque le fonds passera de 50 à 100 millions.

De l'aide dès le début

Le fonds transatlantique entend se démarquer par son intervention aux premiers stades de croissance d'une entreprise technologique. Il est aussi bien outillé pour accompagner les entreprises canadiennes sur le marché européen, et vice-versa.

«Nous avons estimé à un moment donné dans l'accompagnement des entreprises françaises que nous faisons qu'il était nécessaire d'avoir un pied sur le continent nord-américain, parce qu'il fallait que nous soyons proches des grands mouvements qui se passent dans ce domaine», explique Alain Benisty, directeur général de CM-CIC Capital Innovation, entité qui chapeaute Emerillon par le truchement de sa filiale canadienne Venture CIC.

La taille des investissements variera de 500 000$ à 5 millions. Au moins la moitié des investissements seront réalisés au Québec, l'autre moitié, ailleurs sur le continent nord-américain.

Les commanditaires du fonds prévoient investir les sommes d'argent dans un horizon de cinq à sept ans.

Déjà trois opérations

Déjà, le fonds Emerillon Capital a réalisé trois opérations, dont celle de 2 millions dans l'entreprise LVL Studio, de Montréal, qui conçoit des applications pour la télé.

Filiale métier du Crédit Mutuel, CM-CIC Capital Finance a 630 entreprises en portefeuille, soit 10% des entreprises françaises à capital ouvert. Les investissements s'élèvent à 2,1 milliards d'euros, très majoritairement en provenance de la grande famille du Crédit Mutuel.