Après plus de 10 ans de recherche intensive, la génomique s'apprête à sortir des laboratoires pour se mettre au service des entreprises.

Le ministre d'État aux Sciences et à la Technologie, Gary Goodyear, et le président de Génome Canada, Pierre Meulien, annonceront ce matin à Ottawa le Programme de partenariats pour les applications de la génomique, qui sera doté d'un budget de 90 millions.

«Ça fait 10-12 ans qu'on avance, on a fait beaucoup de progrès, on a maîtrisé la science, on a bâti des équipes et des infrastructures. Ç'a été un peu plus long et compliqué que ce que bien des gens avaient pensé, mais on est de plus en plus capables d'appliquer cette science-là et c'est dans ce contexte que ce programme est créé», a affirmé Marc LePage, président de Génome Québec, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

Héma-Québec espère faire partie des premiers bénéficiaires du programme. L'organisme aimerait se servir d'une technologie mise au point par l'équipe du chimiste Denis Boudreau, de l'Université Laval, pour simplifier les tests de compatibilité du sang destiné aux patients qui doivent régulièrement recevoir des transfusions.

«Ils ont développé une nanotechnologie qui nous permettrait de faire ce travail plus rapidement et à un coût moindre», explique Maryse St-Louis, biologiste à Héma-Québec. En fait, si la technologie tient la route au bout de trois ans d'essais, elle permettra de réaliser des tests de compatibilité en 10 minutes, contre plus de 4 heures actuellement!

Au-delà de la santé humaine

La génomique, c'est l'étude du matériel génétique de tous les êtres vivants: les humains d'abord, mais aussi les animaux et les plantes. Les découvertes dans ce domaine permettent d'envisager qu'un jour, les traitements médicaux puissent être personnalisés pour chaque patient.

Dans l'industrie, les applications sont nombreuses. Le ministère des Ressources naturelles du Québec et FPInnovations, un centre de recherche privé sur la forêt, s'intéressent à la génomique pour sélectionner les meilleurs arbres à utiliser comme semenciers, de façon à améliorer le rendement des plantations.

Dans les entreprises laitières, la génomique a déjà révolutionné la sélection des bovins, ce qui permet d'accroître la productivité des élevages. De leur côté, les transformateurs espèrent que les découvertes récentes conduiront à une amélioration des processus de séparation du lait et de fabrication du fromage, indique Danielle Rivard, directrice générale de Novalait, qui a pour mandat de favoriser l'innovation au sein de l'industrie.

La génomique pourrait même aider les autorités à mieux délimiter les zones de pêche en identifiant avec plus de précision les familles de poissons et de homards qui vivent dans un secteur donné.

Le gouvernement fédéral versera 30 millions au fonds. Les provinces et les entreprises doivent fournir 60 millions. M. LePage demandera à Québec de débourser environ 10 millions.

Depuis 2000, pas moins de 2 milliards ont été investis dans la recherche génomique au Canada.

50 millions en contributions de recherche en 2013

- 750 chercheurs financés