La cagnotte de 100 milliards de dollars promise par Apple à ses actionnaires suffira-t-elle à stopper sa descente aux enfers des derniers mois en Bourse? La réponse du marché, toujours inquiet des perspectives de croissance du groupe, était mitigée mercredi.

L'action du groupe à la pomme affichait une petite hausse de 0,79% à 409,35 dollars vers 14h30, après un début de séance erratique, qui l'a vu perdre jusqu'à 3,36% pour tomber à 392,50 dollars, mais aussi monter brièvement jusqu'à 415,25 dollars (+2,25%), alors que les investisseurs s'efforçaient de digérer la série d'annonces de la veille.

Côté pile, Apple a enfin accepté de faire profiter ses actionnaires de ses énormes liquidités, via une hausse de son dividende et un gros programme de rachat d'actions. Et les ventes de ses deux produits vedettes, l'iPhone et l'iPad, ont été moins mauvaises que prévu entre janvier et mars.

Côté face, alors que son bénéfice net vient de reculer pour la première fois en dix ans, la baisse des marges et le ralentissement de la croissance du groupe ne semblent pas devoir cesser dans l'immédiat. Les prévisions pour le trimestre en cours sont décevantes et la sortie de nouveaux produits, cruciaux pour lui donner un nouvel élan, pourrait se faire attendre jusqu'à l'automne, voire 2014, a laissé entendre le patron Tim Cook.

«Le programme énergique d'allocation de capital a été contré par le probable report de l'iPhone 5S», la prochaine mise à jour du téléphone intelligent d'Apple que les analystes espéraient dès l'été, résume dans une note Shebly Seyrafi, analyste chez FBN Securities. «Les investisseurs vont devoir attendre trois mois de plus» pour avoir «un catalyseur».

Pour la maison de courtage Topeka, la conclusion est également claire: «La croissance ne va pas revenir cette année».

En attendant, Apple risque de perdre des parts de marché face à des fabricants comme le sud-coréen Samsung, qui s'apprête justement à sortir son nouveau téléphonne intelligent Galaxy S4, ouvertement présenté comme un rival de l'iPhone.

Cook sur la sellette

Lancer avec succès un nouveau produit commence à prendre une tournure vitale pour le groupe informatique américain.

Les doutes sur sa capacité à continuer d'innover ont largement contribué au plongeon de plus de 40% accusé par son cours de Bourse depuis le sommet historique de 702,10 dollars enregistré en septembre. Au point que certains ont même commencé à s'interroger sur l'avenir de Tim Cook.

Les rumeurs n'ont pas manqué récemment, évoquant un iPhone moins cher ou plus grand, une montre (iWatch), un service de télévision (iTV) ou de radio en streaming...

Mais tant qu'aucune ne se concrétise, «l'action est coincée dans une fourchette de 375 à 425 dollars», prédit la banque RBC.

Les analystes de la banque Jefferies estiment que «l'élément le plus déterminant dans les prochains 6 à 12 mois» ne sera même pas le lancement de l'iPhone 5S, simple mise à jour de l'actuel iPhone 5, mais celui du modèle suivant, l'iPhone 6, censé innover davantage.

Selon eux, le plus tôt sera le mieux, et une sortie au troisième trimestre 2014 «serait probablement bien trop tard», préviennent-ils.

Ils jugent surtout nécessaire de «regagner la partie haut de gamme du marché en introduisant un nouveau produit qui renforce l'écosystème» construit par Apple autour de ses produits, notamment grâce à ses boutiques en ligne iTunes ou App Store. «Une iTV remplirait plus probablement ce rôle qu'une iWatch», estime Jefferies, qui ne voit toutefois ni l'une ni l'autre arriver avant 2014.

Dans la même optique, Morgan Stanley envisage «un service ravageur, comme les paiements mobiles, pour monétiser davantage les plus de 500 millions de comptes clients» d'Apple et regagner des parts dans le mobile.