Les indicateurs économiques donnent des signes divergents selon le mois où les données sont recueillies: celles de février confirment que le premier trimestre a été marqué par une accélération de la croissance américaine durant l'hiver, tandis que ceux de mars laissent présager une décélération au printemps.

C'est ainsi qu'on pourrait expliquer le repli prononcé de l'indice ISM manufacturier en mars, qui indique un ralentissement de la production manufacturière alors que les commandes en carnets de ces mêmes fabricants étaient nettement à la hausse en février, selon les données du département américain du Commerce publiées hier.

Les prévisionnistes des institutions financières sourcillent devant ces données. Ils préfèrent présumer d'une certaine hésitation des décideurs d'achat durant les semaines qui ont précédé l'entrée en vigueur depuis lundi de coupes budgétaires aveugles de 85 milliards US et dont la morsure va se faire sentir petit à petit.

C'est aussi l'explication avancée par les économistes de RBC à la baisse de l'indice des directeurs d'achat de l'industrie manufacturière canadienne (PMI RBC), qui est passé sous la barre de 50 pour la première fois depuis 2010. La barre de 50 marque le seuil entre l'expansion et la contraction de la production en usine.

«La détérioration enregistrée dans le secteur canadien de la fabrication est inattendue, compte tenu de l'accélération de la croissance aux États-Unis, a affirmé Craig Wright, son économiste en chef. Cette faiblesse devrait néanmoins être temporaire et nous prévoyons que la demande mondiale d'exportations canadiennes se redressera.»

Souhaitons qu'il ait raison.

À regarder de plus près les résultats de l'enquête PMI RBC, on constate que le pessimisme était plus fort en Ontario et dans l'Ouest alors qu'il a peu varié au Québec.

Même constat en ce qui concerne le baromètre des affaires de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui était en baisse le mois dernier.

Sans doute faut-il y voir davantage de l'inquiétude parmi ceux qui profitaient plus de la croissance au cours des derniers mois qu'une résilience accrue chez les entrepreneurs québécois aux prises avec une croissance molle mais constante depuis plus d'un an.

Le rapport BMO sur la confiance des petites entreprises publié hier va dans ce sens. L'indice de confiance est à la baisse dans toutes les régions canadiennes, mais celui du Québec est parmi les plus faibles. Seules les Prairies paraissent un peu plus pessimistes.

Curieusement, la majorité des quelque 500 répondants propriétaires de PME estiment que l'économie fera meilleure figure en 2013 qu'en 2012, tout comme la performance de leur propre entreprise. Voilà pourquoi ils comptent investir davantage, à l'exception des Albertains.