Pour le quatrième trimestre d'affilée, l'expansion réelle canadienne a été contenue l'automne dernier à moins de 2%.

En fait, la variation du produit intérieur brut (PIB) réel a été limitée à 0,6%, soit un dixième de moins que de juillet à septembre, a indiqué hier Statistique Canada.

C'est faible, mais cela reste la meilleure performance du G7, en dépit du fait que, mesurée par industrie, la production a reculé de 0,2% en décembre. Seuls les États-Unis ont aussi enregistré une croissance durant l'automne, limitée toutefois à 0,1%.

Sur une base annuelle, l'expansion américaine se fixe néanmoins à 2,2% comparativement à 1,8% pour la canadienne. C'est la première fois en cinq ans que la croissance canadienne est inférieure à l'américaine, mais cette situation risque de se répéter. Il y a beaucoup de demande refoulée chez notre grand voisin alors que le consommateur canadien surveille plutôt son niveau d'endettement très élevé.

La décroissance de décembre est avant tout circonstancielle et attribuable à un déstockage considérable des manufacturiers, à des fermetures plus longues que par le passé des usines d'assemblage de véhicules, au repli des ventes des détaillants après un bond en novembre, au lockout dans la Ligue nationale de hockey et à un temps exceptionnellement clément.

La plupart de ces éléments se sont renversés en janvier : les ventes des concessionnaires ont repris des deux côtés de la frontière, la sainte Flanelle a recommencé à jouer, le grand froid a persisté plusieurs jours et il a bien fallu reconstituer en partie les stocks.

Au quatrième trimestre, la demande intérieure finale a ajouté 2,6 % points de pourcentage à la croissance que le déstockage de plus de 10 milliards de dollars a entièrement retranchée. La contribution des exportations nettes aura finalement fait la différence.

Le déstockage a fait reculer la production en usine de 2,2 %, compensée en partie par une extraction gazière et pétrolière plus élevée.

Du côté de la demande intérieure, les chiffres sont plutôt encourageants, si on les compare à ceux du troisième trimestre. Les dépenses de consommation ont encore augmenté de 2,7% tandis que l'investissement résidentiel a crû légèrement après un recul durant l'été.

Les investissements des entreprises ont aussi augmenté, mais ils ont été concentrés dans les structures plutôt que dans l'achat d'équipements et de matériel.

Détail intéressant, l'agence fédérale a révisé de 0,6% à 0,7% l'expansion globale du troisième trimestre en diminuant considérablement le recul de la contribution des entreprises. On doit attendre cependant peu d'apport de leur part cette année, si on se fie aux résultats de l'enquête sur les intentions des investissements qui révèle une augmentation de 1,7% seulement, la plus faible du présent cycle.

Autre surprise enfin, les gouvernements ont poussé à la roue après avoir diminué leurs dépenses durant l'été. Compte tenu des ratages des cibles budgétaires fixées l'an dernier par huit provinces et par le gouvernement fédéral, il est bien possible que cet apport ait disparu au cours de l'hiver.

C'est d'autant plus probable que la croissance de l'assiette fiscale a été plus faible en fin d'année. La désinflation amorcée durant l'été s'est poursuivie en janvier quand le taux annuel d'inflation a été contenu à 0,5% seulement.

Le PIB nominal (en dollars courants) a progressé de 2,0% en rythme annuel, comparativement à 3,6% durant l'été. Il s'élevait à 1833 milliards.

Alors, sur quoi pourra se fonder la poursuite de l'expansion canadienne cette année, aussi faible reste-t-elle ? Sur la construction résidentielle et la production manufacturière américaines qui montrent toutes deux des signes de tonus retrouvé. Les nouvelles commandes en carnet ont fortement augmenté en février tandis que le repli léger des mises en chantier en janvier est avant tout une histoire de météo hostile.

En revanche, la consommation américaine va faiblir puisque le relèvement de 4,2% à 6,2% des prélèvements salariaux pour la sécurité sociale diminue le revenu disponible. En janvier, les Américains ont soutenu leur consommation en puisant dans leur épargne, ce qu'ils ne pourront faire encore longtemps.