Alors que la production en usines regagnait du tonus durant l'été d'un océan à l'autre, celle du Québec semble tombée en léthargie.

En août, les ventes des fabricants québécois ont reculé pour le troisième mois d'affilée, cette fois-ci de 0,3%, a indiqué hier Statistique Canada. Seules celles des Manitobains ont plongé davantage, de 4,7%. Depuis un an, elles restent néanmoins en territoire positif, alors que celles du Québec accusent un retard de 2,3%.

«Les ventes des usines au Québec ont baissé pour le troisième mois de suite pour atteindre leur plus bas niveau en 20 mois», souligne Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale.

La performance québécoise a cette fois-ci été grevée par les replis observés dans les segments de la première transformation des métaux et la fabrication de produits métalliques.

«La tendance baissière observée depuis le début de l'année reste inquiétante et à surveiller, mais ne dément pas encore la relative résilience qui a caractérisé le secteur manufacturier québécois dans un contexte extrêmement concurrentiel», observe Audrey Azoulay, directrice des affaires publiques et relations gouvernementales chez les Manufacturiers et exportateurs du Québec.

Les ventes québécoises totalisent 11,2 milliards de dollars, soit 800 millions de moins qu'en début d'année. En termes de recul annuel, seule la Nouvelle-Écosse a un bilan plus sombre que le Québec.

À l'échelle canadienne, la valeur des ventes a avoisiné les 49,5 milliards et se rapproche du seuil des 50 milliards jamais atteint depuis la récession. Le bond de 1,5% de juillet à août a surpris les experts qui avaient misé sur une hausse trois fois moindre.

L'agence fédérale leur réservait aussi deux autres belles surprises. Exprimée en volume, la progression est encore plus grande, à hauteur de 1,8%.

En outre, les reculs de 1,5% de juillet et de 0,8% en juin sont ramenés à -0,8% et -0,5%.

Le rebond est avant tout attribuable à la remise en production d'usines ontariennes de raffinage de produits du pétrole et de charbons, fermées pendant l'été pour des raisons de maintenance ou de réoutillage. L'agence fédérale prévient que des révisions des ventes des derniers mois sont à prévoir en raison de la disponibilité de données définitives sur les ventes.

L'autre grand élément ayant contribué au rebond est l'activité accrue des constructeurs d'automobiles.

En tout, 11 segments industriels sur 21 ont connu des hausses.

«Même si le rebond des segments pétroliers et automobiles embellit le tableau, il demeure raisonnablement robuste», résume Jimmy Jean, économiste principal chez Desjardins.

Autre élément encourageant, la valeur des nouvelles commandes a augmenté de 1,4%, à hauteur de 49 milliards, même si celle des commandes en carnets a diminué de 0,7%, à hauteur de 63,1 milliards. Dans ce dernier cas, la diminution est beaucoup due au taux de change. Dans l'industrie aéronautique, les transactions sont réalisées en dollars américains, une devise qui a reculé face au huard, de juillet à août.

La valeur des stocks a diminué de 0,1%, à 65,19 milliards. Étant donné la hausse des ventes, le rapport des stocks aux ventes diminue de deux crans, à 1,32, ce qui correspond à environ 40 jours de production.