Quelles que soient les mesures retenues pour retrouver l'équilibre budgétaire dès l'an prochain, le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, devra composer avant tout avec une croissance bien modeste qui va limiter l'augmentation des recettes fiscales.

Le Plan budgétaire de son prédécesseur Raymond Bachand tablait sur une expansion réelle de l'économie québécoise de 1,5% en 2012 et de 1,9% l'an prochain.

Elle sera plutôt de tout juste 1% cette année et d'à peine 1,5% l'an prochain, selon la moyenne des prévisions des grandes institutions financières québécoises.

L'expansion québécoise avance à la vitesse d'un escargot depuis bientôt un an. À l'automne 2011, la croissance annualisée avait été limitée à 0,8%. Elle a ralenti à 0,5% durant l'hiver et a à peine fait mieux au printemps avec 0,8%. «Il faudrait une croissance de 4,5% pour chacun des deux derniers trimestres de l'année courante pour que notre prévision de juin (1,4%) se réalise, une hypothèse qui n'est pas réaliste», soulignent Marc Pinsonneault et Stéfane Marion, de la Banque Nationale, qui viennent de revoir leur scénario économique.

Ils la réduisent donc à 0,8% et ramènent de 1,7% à 1,4% seulement celle de l'an prochain.

Ils sont encore plus pessimistes que leurs confrères de la Banque Laurentienne, dont la révision s'arrête à 1,2%, ou que ceux de Desjardins, qui se placent entre les deux avec 1,0%.

Pire, la croissance de l'assiette fiscale, qui correspond au produit intérieur brut mesuré en dollars courants (le PIB nominal) sera bien en deçà des 3,8% estimés en mars. Elle devrait plutôt avoisiner les 3,2%, selon les toutes dernières prévisions de la Banque Nationale. Mince consolation pour le ministre, l'institution de la rue de la Gauchetière prévoit que le PIB nominal pourrait accélérer jusqu'à 4,0% en 2013, ce qui se rapproche des 4,1% projetés dans le Plan budgétaire.

Si la croissance du Québec est parmi les plus faibles des provinces canadiennes, c'est avant tout dû à la faiblesse des exportations. «Pour la 11e année consécutive, le commerce extérieur est en passe de retrancher à la croissance économique», soulignent les économistes de la BN. Optimistes malgré tout, ils estiment que la situation devrait enfin s'inverser l'an prochain. En juin, ils croyaient encore possible un renversement dès 2012.

L'industrie de l'aérospatiale et celle de la première transformation des métaux (l'aluminium au premier chef) n'ont pu bénéficier d'une relance comme celle de l'automobile qui profite aux fabricants de l'Ontario.

La croissance de tous les marchés d'exportation du Québec a été en outre revue à la baisse, à commencer par celle des deux plus importants, les États-Unis et le reste du Canada.

Les volumes de livraisons internationales ont aussi ralenti beaucoup plus vite que celui des importations.

Au surplus, les dépenses de consommation sont entravées par trois éléments: la rémunération hebdomadaire moyenne a crû moins vite au Québec que dans les autres provinces alors que le taux d'inflation y est plus élevé en raison de l'augmentation d'un point de pourcentage de la taxe provinciale de vente, le 1er janvier, la deuxième en autant d'années.

Desjardins précise même que le revenu disponible des ménages ne progresse pas depuis plusieurs trimestres.