Malgré la vague d'opposition entendue cette semaine aux audiences du CRTC, Bell reste confiant de pouvoir mettre la main sur Astral. «Le consommateur sort gagnant de cette transaction colossale pour le système de radiodiffusion canadien», dit George Cope, président et chef de la direction de Bell.

Dans sa réplique mettant fin hier aux audiences sur la transaction à Montréal, Bell a rappelé au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) qu'il est le seul acheteur pouvant mettre la main sur Astral sans décimer l'entreprise fondée par la famille Greenberg. Si la transaction avorte, Bell fait valoir qu'Astral sera vendue à d'autres qui ne pourront pas garantir le maintien de tous les emplois au Québec. «Bell est le meilleur acheteur pour Astral, dit Mirko Bibic, chef des affaires réglementaires de Bell. Avec nous, les activités d'Astral au Québec seront préservées en entier. Aucun autre acheteur ne peut faire la même chose. Si Astral est achetée en morceaux par plusieurs acheteurs, c'est certain qu'il y aura des pertes d'emploi.»

Si Bell s'est dit «confiant» d'avoir «rencontré le fardeau de la preuve» du CRTC, ses dirigeants ont avoué avoir trouvé les audiences parfois un peu pénibles. «Elles ont fait ressortir le pire des gens avec qui nous faisons affaire», dit Kevin Crull, président de Bell Média.

Tour à tour, Québecor, Cogeco, Telus et Rogers ont tenté de convaincre le CRTC de bloquer la transaction, énumérant leurs litiges et doléances contre Bell. «Des allégations non substantielles» et «histoires inventées», réplique Bell. «C'est facile de voir que Québecor ne veut pas, comme plus important diffuseur et distributeur au Québec, avoir à concurrencer avec un Bell transformé et réénergisé, dit George Cope. Rogers dit que nous sommes "déjà trop grands et puissants", mais la réalité, c'est que Rogers veut les chaînes spécialisées anglophones d'Astral et tente de vous (le CRTC) forcer à faire en sorte que nous leur vendions.»

Greenberg «surpris» de l'opposition

Le PDG d'Astral, Ian Greenberg, a avoué au CRTC être «surpris» de l'ampleur de l'opposition à la transaction. En mars dernier, M. Greenberg dit avoir choisi Bell parce que le conglomérat était le seul acheteur prêt à garantir que l'entreprise ne soit pas décimée. Le cofondateur d'Astral a demandé au CRTC de ne pas baser sa décision sur «la série de plaintes des concurrents de Bell», rappelant que «les négociations serrées et les mésententes sur la distribution [...] font partie de la dynamique concurrentielle habituelle» dans l'industrie de la télé.

De toute façon, selon les calculs de Bell qui incluent l'écoute totale (et non seulement l'écoute des chaînes canadiennes), Bell-Astral aurait 24,4% des parts de marché en français et 33,5% en anglais, soit en deçà du seuil de 35% considéré comme n'étant pas inquiétant par le CRTC. «Ces parts de marché ne s'approchent d'aucune façon d'une définition raisonnable de dominance dans une économie développée», dit George Cope. En plus du CRTC, le Bureau de la concurrence doit aussi donner son aval à la transaction de 3,38 milliards.