Pour le troisième trimestre d'affilée, l'économie canadienne a progressé de moins de 2% au printemps, confirme la plus récente mesure de Statistique Canada.

Avec une expansion réelle de 1,8% en rythme annuel de mars à juin, le Canada sort néanmoins au premier rang des autres pays du G7 au chapitre de la croissance. Ces résultats sont un peu meilleurs que les attentes des prévisionnistes qui ne pouvaient deviner que l'agence fédérale allait réviser à la hausse la production de biens et services d'avril.

En revanche, Statistique Canada a aussi indiqué que le produit intérieur brut (PIB) mesuré en dollars courants a avancé de 0,5% seulement, ce qui va compliquer la tâche des ministres des Finances à boucler leur budget, au fédéral et dans les provinces.

Le PIB réel, mesuré par industries, a quant à lui crû de 0,2% en juin, ce qui a donné un certain élan à l'économie, au début de l'été. Elle devrait avoir continué de progresser au petit trot.

Le résultat de 1,8% est conforme à la prévision faite par la Banque du Canada dans son scénario de juillet. Il n'est pas de nature à influencer sa politique monétaire. Son taux directeur, fixé à 1% depuis septembre 2010, sera donc reconduit mercredi.

L'examen attentif des chiffres recèle quelques surprises. Comme prévu, la valeur des exportations nettes (exportations moins importations) a retranché 1,8 point à la croissance.

Ce repli a été entièrement effacé par une augmentation de 1,8 point de la demande intérieure finale, laquelle est composée des dépenses de consommation (0,7), des investissements des entreprises (1,1), des investissements résidentiels (0,1) et des dépenses gouvernementales (-0,1).

La croissance est essentiellement attribuable à une forte augmentation des stocks (1,7) et à une légère divergence statistique (0,1), inévitable tant il y a de données dans les comptes nationaux.

«Il s'agit d'une situation pas très enviable, car les entreprises n'ont pas l'habitude d'accumuler si fortement des stocks pour une période prolongée, rappelle Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Tôt ou tard, une certaine correction doit s'opérer.»

Les données du deuxième trimestre comportent une autre surprise. Exprimée en dollars d'aujourd'hui, la croissance économique a été de 0,5% seulement, soit plus de trois fois inférieure à l'expansion réelle (mesurée dollars enchaînés de 2002).

C'est la première fois depuis la récession de 2009 que la progression du PIB nominal est moins forte que celle du PIB réel, note Krishen Rangasamy, économiste principal à la Banque Nationale. «Cela dénote une déflation pendant le trimestre.»

Cette faiblesse touche directement le pouvoir d'achat des ménages et des entreprises, comme en fait foi le repli annualisé de 1,6% du revenu intérieur brut réel au cours du printemps.

Le PIB nominal est aussi la meilleure mesure de la variation de l'assiette fiscale. De juin à juin, il a progressé de 0,97%, contre 2,5% pour le PIB réel.

Hier, le ministère fédéral des Finances a dévoilé ses résultats financiers pour la période d'avril à juin. Le déficit s'élève à 1,98 milliard, soit 2,26 milliards de moins que pour la même période l'an dernier.

Malheureusement, Québec semble s'acheminer vers un scénario tout autre. En avril et en mai, la croissance économique a reculé alors qu'elle augmentait de 0,4% et 0,1% d'un océan à l'autre. Les données de l'Institut de la statistique du Québec font aussi état d'une détérioration du commerce extérieur de la société distincte en juin. Déjà, le ministère québécois des Finances a révélé une détérioration de 320 millions du déficit après deux mois, malgré l'augmentation d'un point de pourcentage de la TVQ, le 1er janvier.

Le budget de mars du ministre sortant des Finances, Raymond Bachand, prévoit une diminution de 1,8 milliard du déficit cette année par rapport à l'an dernier.

Cela paraît ambitieux, compte tenu de la conjoncture économique qui forcera le gagnant parmi les trois partis politiques qui aspirent au pouvoir mardi à revoir son scénario financier et la possibilité de remplir ses engagements.