Le fort ralentissement de l'activité manufacturière en Chine en mai, mis en évidence par deux indices publiés séparément vendredi, confirme la baisse de la croissance dans la deuxième économie mondiale, où des mesures de relance ont été annoncées cette semaine.

Le secteur manufacturier pèse 30% du PIB chinois, tandis que 20% de la valeur ajoutée de l'industrie manufacturière mondiale est produite en Chine, ce qui souligne l'importance de ces indices, selon le cabinet Capital Economics.

L'indice PMI des directeurs d'achat publié par la Fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP), une organisation proche du gouvernement, a chuté à 50,4 contre 53,3 en avril.

Un chiffre supérieur à 50 indique une expansion, un chiffre inférieur à ce seuil, une contraction. Il s'agit du sixième mois consécutif d'expansion pour cet indice, et pourtant le résultat se situe en dessous des attentes du marché.

Les économistes s'attendaient en effet à un niveau de 51,5, a indiqué l'agence Dow Jones Newswires.

«La baisse relativement marquée de l'indice PMI en mai est en ligne avec la tendance de ralentissement économique», a commenté Zhang Liqun, un analyste de la CFLP.

Les nouvelles commandes enregistrées par l'industrie manufacturière se sont quant à elles légèrement contractées le mois dernier, à 49,8, en recul de 4,7 points de pourcentage sur un mois, selon la CFLP.

«Le brutal recul de l'indice PMI en mai montre que l'économie est proche d'un coup d'arrêt», a réagi Alistair Thornton, économiste chez IHS Global Insight basé à Pékin, soulignant que la baisse de 2,9 points de pourcentage en un mois est la plus forte depuis la mi-2010.

«La seule raison pour laquelle l'indice maintient sa tête hors de l'eau (ne tombe pas au-dessous de 50) est probablement la série de mesures de relance annoncée par les autorités pour combattre les faiblesses de l'économie», selon cet analyste.

La Chine a annoncé ces dernières semaines une série des mesures pour soutenir des secteurs clés comme l'automobile ou la sidérurgie, sans qu'aucun plan de relance de grande envergure ne soit toutefois prévu.

La banque HSBC, qui mesure de son côté son propre indice PMI des directeurs d'achat, a elle annoncé vendredi un chiffre de 48,4 pour mai.

Il s'agit selon HSBC du septième mois d'affilée constatant une détérioration du secteur manufacturier en Chine.

L'indice PMI de la CFLP fait la part plus belle aux grandes entreprises et sous-estime le poids des PME, avancent les analystes pour expliquer la différence entre les deux mesures. Les grandes entreprises d'Etat ont également été les premières à bénéficier des mesures de relance.

L'indice du mois de mai «confirme la poursuite du ralentissement du secteur manufacturier en raison de l'affaiblissement de la demande, à la fois sur les marchés étrangers et en Chine», d'après Qu Hongbin, principal économiste pour la Chine chez HSBC.

Au premier trimestre, la croissance du pays est tombée à 8,1%, son niveau le plus bas en près de trois ans, en raison de la morosité de ses grands marchés à l'exportation que sont les États-Unis et surtout l'Europe, selon les analystes.

Pékin table sur une croissance de 7,5% pour 2012 contre 8% les années précédentes.

L'indice PMI «met en évidence une poursuite du ralentissement de l'économie réelle (en Chine) durant le deuxième trimestre et devrait amener Pékin à intensifier ses efforts d'assouplissement (monétaire) dans les mois à venir», selon M. Qu.

Cet expert s'attend pour les prochains mois à de nouvelles baisses des réserves obligatoires des banques, pour leur permettre de prêter davantage, ainsi qu'à une diminution de 25 points de base (0,25 point de pourcentage) des taux d'intérêt.

Par ailleurs, «les décideurs à Pékin devraient permettre aux mesures (de relance) budgétaires et à l'investissement privé de jouer un plus grand rôle pour soutenir la croissance», estime-t-il encore.