Un haut dirigeant de SNC-Lavalin (T.SNC) affirme qu'il n'était pas au courant des manoeuvres irrégulières qui se déroulaient dans sa division au moment où il a vendu la majorité de ses actions de l'entreprise, en mars 2011.

En entrevue à La Presse Affaires, Michael Novak, président du conseil de la division SNC-Lavalin International, a rejeté du même souffle toute responsabilité dans l'affaire des paiements douteux qui secoue l'entreprise. Rappelons que ces paiements problématiques totalisant 56 millions US avaient été liés à des contrats appelés simplement «A» et «B» par SNC dans ses documents d'enquête.

«Au moment de vendre mes actions, je ne savais absolument rien des transactions A et B. Elles ont été faites à mon insu, et avec ordre de garder ça confidentiel», a dit M. Novak en entrevue.

Tel que rapporté hier par La Presse Affaires, M. Novak a été montré du doigt dans un rapport de la firme de recherche financière Veritas. Les auteurs du rapport se questionnaient à savoir si le haut dirigeant avait eu vent des irrégularités qui se déroulaient dans sa propre division avant de liquider un bloc de quelque 240 000 actions ordinaires de l'entreprise, en mars 2011. Ce bloc représentait 64% des actions détenues par M. Novak.

La transaction avait permis à M. Novak de réaliser un profit brut de 13 millions de dollars.

Moins d'un an plus tard, l'action de SNC s'effondrait en Bourse à la suite des révélations sur les paiements douteux et des allégations de corruption.

M. Novak était-il au courant d'irrégularités lorsqu'il a vendu ses actions? Les documents de SNC-Lavalin montrent en tout cas qu'un «haut dirigeant de SNC-Lavalin International» avait à l'époque déjà signé un contrat qui contrevenait aux règles de l'entreprise et qui a conduit aux paiements suspects.

Or, M. Novak soutient que ce haut dirigeant n'est pas lui.

«Ce contrat-là, je ne l'ai jamais vu», soutient-il. M. Novak affirme avoir eu vent d'autres paiements suspects, mais seulement en décembre 2011. Il avait alors refusé de les approuver.

Pourquoi M. Novak a-t-il alors liquidé la majorité de ses actions en mars 2011? Le principal intéressé affirme avoir agi sur la recommandation de son conseiller financier.

«Il m'a dit qu'à mon âge, 57 ans, ce n'était pas prudent d'avoir toute ma richesse en un seul endroit», a dit M. Novak, qui souligne posséder encore aujourd'hui près de la moitié de ses avoirs personnels en actions et unités d'actions de SNC.

Des questions en suspens

Même si la division SNC-Lavalin International qu'il dirige a été impliquée dans les deux contrats ayant fait l'objet de paiements problématiques chez SNC, M. Novak rejette toute responsabilité dans ces affaires.

«Les paiements reliés au contrat B ont été effectués par la division Construction de l'entreprise, à mon insu. Je n'en ai été informé que lorsque le comité de vérification les a portés à mon attention», précisé M. Novak dans un courriel envoyé hier à La Presse Affaires et à la firme Veritas.

La division construction de SNC-Lavalin était dirigée par Riadh Ben Aïssa. M. Aïssa est aujourd'hui emprisonné en Suisse, où il est soupçonné de corruption, d'escroquerie et de blanchiment d'argent.

Il reste que, selon les documents de SNC, un «haut dirigeant de SNC-Lavalin International» a signé les deux contrats ayant conduit à des contrats problématiques. Dans l'un des cas, les paiements suspects liés au contrat ont aussi été effectués par la division tunisienne de SNC-Lavalin International.

M. Novak n'a pas voulu commenter sur le fait que ce haut dirigeant semble encore être un employé de l'entreprise et travaille toujours sous sa direction.

Notons que la firme Veritas, qui avait soulevé des questions sur la vente des actions de M. Novak, a accepté hier de publier, sans commentaires, la version des faits de ce dernier.