Le groupe américain de distribution en ligne Amazon a pulvérisé les attentes du marché en publiant jeudi un bénéfice courant par action quatre fois supérieur aux estimations, même si le bénéfice net du premier trimestre a accusé un nouveau recul de 35 %, à 130 millions de dollars.

Rapporté au nombre d'actions et hors éléments exceptionnels le bénéfice a atteint 28 cents au lieu des 7 cents attendus par les analystes. Le chiffre d'affaires, en hausse de 34 % à 13,18 milliards de dollars, dépasse également les attentes (12,9 milliards).

L'action, qui avait chuté il y a trois mois après des résultats jugés décevants, bondissait cette fois de 14,18 % à 223,79 dollars dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse à New York.

Comme il le fait souvent, le groupe de Seattle (État de Washington, nord-ouest des États-Unis) a pourtant avancé des prévisions prudentes pour le trimestre en cours: le chiffre d'affaires est attendu entre 11,9 et 13,3 milliards de dollars, soit en hausse de 20 à 34 %, contre 12,82 milliards escomptés par les analystes.

Le résultat d'exploitation pourrait accuser une perte de 260 millions de dollars ou un bénéfice de 40 millions de dollars, ce qui représenterait une dégradation de 229 % à 80 % sur an, est-il aussi précisé.

La fourchette de prévisions est, comme c'est généralement le cas, extrêmement ouverte. «Nos résultats sont fondamentalement imprévisibles», a relevé le directeur financier Tom Szkutak lors d'une téléconférence avec des analystes.

Le groupe continue à sacrifier ses bénéfices en investissant lourdement pour appuyer son expansion, en bâtissant de nouveaux centres d'expédition et les infrastructures pour son activité d'hébergeur Amazon Web Services, une activité qui progresse «très, très vite», a-t-il expliqué.

Amazon doit aussi dépenser pour développer son oeuvre numérique, notamment pour les vidéos à visionner sur sa tablette multimédia Kindle Fire.

Ainsi les dépenses d'investissement, qui se sont élevées à 386 millions de dollars au premier trimestre, pourraient atteindre 800 à 900 millions ce printemps, tandis que la fringale d'embauches se poursuit.

Le groupe de Seattle compte aujourd'hui 73 % d'employés de plus qu'il y a un an (soit un total de 65.600, à plein temps ou à temps partiel, intérimaires non compris).

«Un jour nous modérerons (les embauches), mais vu notre croissance actuellement, nous investissons et nous nous assurons d'avoir les ressources qu'il faut», a justifié M. Szkutak.

Cité dans un communiqué, le patron fondateur Jeff Bezos a surtout mis en avant de nouvelles statistiques flatteuses sur la gamme de liseuses et tablettes et la librairie en ligne Kindle, s'abstenant comme toujours de donner des chiffres précis.

Ainsi la tablette multimédia Kindle Fire, sortie à l'automne aux États-Unis seulement, est présentée comme «l'objet le plus vendu, le plus offert et le plus souhaité» sur le site américain amazon.com.

Ce qui est tout bénéfice pour le groupe: «les clients achètent beaucoup de contenus, on le voit particulièrement en Amérique du Nord avec la vente de biens culturels entre le quatrième et le premier trimestre qui s'accélère», a relevé M. Szkutak.

Dans de nombreux autres pays (Grande-Bretagne, Allemagne, France, Espagne, Italie) le Kindle est également l'objet le mieux vendu par le distributeur.

Au total le groupe a enregistré des ventes en hausse de 36 % en Amérique du Nord, à 7,43 milliards de dollars, et de 31 % à l'international (5,76 milliards de dollars).

Les ventes de biens culturels (livres, films et musique sur support ou numériques) ont progressé de 19 % à 4,71 milliards de dollars, alors que les ventes d'autres marchandises et d'appareils électroniques ont bondi de 43 % à 7,97 milliards de dollars.