C'est au Québec où le coût de la vie augmente le plus rapidement, même si la croissance économique y reste au mieux anémique.

De janvier à février, l'indice des prix à la consommation (IPC) y est passé de 2,8% à 3,2%, a indiqué hier Statistique Canada.

D'un océan à l'autre, le rythme annuel d'inflation a augmenté plus modestement de 2,5% à 2,6%.

La poussée plus forte de la cherté de la vie dans la société distincte est attribuable à l'augmentation d'un point de la taxe de vente provinciale ainsi que des prix de l'essence (dans lequel la TVQ est incluse), de la viande et des aliments achetés au restaurant, précise l'agence fédérale.

Dans ce dernier cas, on peut soupçonner les conséquences de la lutte de Québec contre l'évasion fiscale, très répandue dans la restauration, avant la normalisation de la facturation, obligatoire depuis novembre.

Comme ailleurs au pays, le Québec subit aussi des hausses de prix dans le vêtement, qui progressent de 2,8% depuis un an à l'échelle du pays. «C'est le rythme le plus rapide depuis 1991», signale Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. Depuis les dix dernières années, c'était un segment où les prix avaient tendance à baisser, sous l'effet des transferts de production en Asie et de l'appréciation du dollar canadien.

Il semble bien que la poussée des prix du coton l'an dernier et le plafonnement de notre monnaie face au billet vert soient venus à bout de cette tendance.

Les prix des aliments continuent d'augmenter, en dépit du recul de ceux des fruits frais. En un an, ils ont grimpé de 4,1%. Ça fait maintenant six mois que l'inflation des aliments se situe aux alentours de 4%. «Les aliments représentent près de 16% de l'IPC, ils contribuent beaucoup à nourrir les pressions inflationnistes», souligne Sonya Gulati, économiste chez TD.

De manière générale, les prix des biens progressent de 3,0% depuis un an, ceux des services de 2,3%.

Voilà qui permet d'expliquer que l'inflation de base, qui exclut huit composantes les plus volatiles de l'IPC, soit passée de 2,1% à 2,3%, son niveau le plus élevé depuis décembre 2008. «À l'époque, la récession mondiale avait déjà commencé et la désinflation était en vue, rappelle Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale. Cette fois-ci, nous remarquons que les produits et services de base dépassent le point médian de la fourchette cible (de 1% à 3%) alors que l'économie continue de prendre de l'expansion.»

Il y voit une diminution des capacités excédentaires de l'économie canadienne même si la croissance a ralenti en début d'année et que les annonces de licenciements se multiplient.