L'Allemagne a enregistré en 2011 une croissance de 3%, près de deux fois plus élevée que celle de sa voisine la France, malgré un mauvais dernier trimestre qui selon les économistes relève pour l'instant de l'accident de parcours.

L'Office fédéral des statistiques (Destatis) a confirmé mercredi le chiffre de 3%, qu'il avait déjà publié de manière provisoire en janvier.

Il a également rendu publique son estimation pour le quatrième trimestre 2011, qui a vu le produit intérieur brut (PIB) allemand glisser de 0,2%, ce que Destatis a qualifié de «coup de mou».

Le consensus d'analystes réuni par l'agence Dow Jones Newswires attendait une baisse plus prononcée de 0,3% au quatrième trimestre.

La plupart des économistes concluent à un essoufflement transitoire, à l'instar de Carsten Brzeski, d'ING, qui ne voit «aucune raison de conclure au chant du cygne de l'économie allemande».

En corrigeant des variations calendaires, c'est-à-dire de la variation du nombre de jours travaillés d'une année sur l'autre, la croissance allemande l'an dernier a même atteint 3,1%.

A titre de comparaison, la croissance a atteint 1,5% en 2011 dans la zone euro dans son ensemble, avec un recul de 0,3% au quatrième trimestre par rapport au trimestre précédent, selon une première estimation publiée mercredi par l'office européen de statistiques Eurostat.

La France a, quant à elle, annoncé mercredi avoir enregistré une croissance de 1,7% en 2011 et de 0,2% au quatrième trimestre, un chiffre meilleur que prévu.

La combinaison de ce résultat français, et d'un déclin moins prononcé que prévu du PIB allemand «font plus que compenser les mauvaises nouvelles de la veille sur la Grèce», écrivent Fabio Fois et François Cabau, de Barclays Capital Research.

La zone euro a décidé mardi d'à nouveau reporter le déblocage d'une aide cruciale pour éviter une faillite de la Grèce, Athènes n'ayant pas rempli à temps toutes les conditions posées.

En fin d'année dernière, l'économie allemande a été soutenue par des investissements, en particulier dans le bâtiment, mais elle a été trahie par son principal moteur jusqu'ici, le commerce extérieur, dont la contribution au PIB a été négative.

Les dépenses des consommateurs ont aussi reculé, selon l'Office des statistiques, qui détaillera ces diverses composantes du PIB le 24 février.

Destatis a également souligné que s'il a reculé par rapport au troisième trimestre, le PIB allemand au quatrième trimestre avait progressé de 1,5% sur un an.

«Même en cette deuxième année de reprise après la crise, la performance économique s'est révélée pour chaque trimestre supérieure» à celle du trimestre de comparaison en 2010, écrit-il.

Destatis a par ailleurs légèrement revu à la hausse la croissance allemande au troisième trimestre 2011, à 0,6% contre 0,5% annoncé initialement le 24 novembre.

En 2010, l'Allemagne avait connu une croissance de 3,7%.

Le pays ne se fait toutefois aucune illusion sur sa capacité à maintenir ce rythme cette année : les prévisions officielles du gouvernement sont une croissance de 0,7% en 2012.

«À cause de cette récession en fin d'année, l'économie allemande part de plus bas que prévu», a commenté Alexander Koch, économiste chez UniCredit.

L'acquis de croissance à la fin de l'année 2011 n'était que de 0,2%. En d'autres termes, si l'économie allemande devait stagner toute l'année, elle finirait 2012 sur une croissance très légère de 0,2%, héritée en quelque sorte de l'année précédente.

Pour M. Brzeski, d'ING, la «principale inconnue» pour l'Allemagne reste l'issue de la crise de la dette dans la zone euro. Mais le pays a selon lui des reins solides : un approvisionnement en crédit correct; des carnets de commandes pleins ainsi que des stocks bas; des exportations plus diversifiées, donc moins dépendantes des seuls Européens; et des fondamentaux solides, en particulier un marché du travail dynamique, avec un taux de chômage de moins de 7%.